Etats-Unis: Facebook poursuivi pour son rôle dans un assassinat commis par un militant d’extrême droite

Facebook veut embaucher 10.000 personnes en Europe pour travailler sur le "métavers", une sorte de doublure numérique du monde physique, accessible via internet - OLIVIER DOULIERY © 2019 AFP
Le 29 mai 2020, Dave Patrick Underwood, agent de sécurité fédéral, était abattu par balle dans la ville d’Oakland (Californie), alors qu’il était en poste devant un tribunal pendant des manifestations du mouvement Black Lives Matter. Le suspect, Steven Carrillo, appartient au mouvement d’extrême-droite Boogaloo, qui revendique sa volonté de déclencher une guerre civile.
Comme le rapporte le média public américain NPR, la sœur de la victime, Angela Underwood Jacobs, attaque Facebook en justice.
Faille de modération et radicalisation
Dans la plainte déposée ce 4 janvier, l’entreprise californienne est attaquée sur deux fronts. D’abord la faiblesse de ses outils de modération, qui n’ont pas détecté les menaces explicites diffusées par Steven Carrillo sur des groupes d’extrême droite.
Le jour de l’assassinat, Steven Carrillo annonçait en effet se rendre à Oakland le jour d’une manifestation du mouvement Black Lives Matter, pour “leur montrer les vraies cibles”. Toujours sur un groupe Facebook associé au mouvement Boogaloo, le suspect avait exprimé clairement sa volonté de viser des représentants des forces de l’ordre, sans que cette menace ne soit détectée par la plateforme.
La plainte d’Angela Underwood Jacobs évoque aussi l’aspect systémique des dérives de Facebook, qui pousse à ses yeux à la radicalisation des internautes. Elle estime ainsi que le réseau social a joué un rôle dans la mise en relation de Steven Carrillo avec le mouvement Boogaloo, par le biais de ses algorithmes de recommandation.
Face à ces accusations, Facebook estime que cette plainte n’a “aucun fondement juridique”.
Accusations récurrentes
Début décembre 2021, des réfugiés rohingyas déposaient également plainte contre Facebook aux Etats-Unis, pour l’implication de la plateforme dans le génocide de cette minorité musulmane de Birmanie.
Le réseau social, qui ne comptait en 2018 que cinq modérateurs pour 18 millions d’utilisateurs dans le pays, est accusé de n’avoir pris aucune mesure pour combattre les publications mensongères et haineuses à l’encontre des Rohingyas. Une responsabilité par la suite reconnue par l’entreprise.
En France, Facebook est également pointé du doigt dans l’assassinat de Samuel Paty, le terroriste ayant alimenté ses projets à partir d’une vidéo mensongère publiée sur la plateforme, accompagnée de publications visant explicitement le professeur d’histoire-géographie de Conflans-Sainte-Honorine. Pour l’heure, aucune plainte contre le géant américain n’a toutefois été déposée.