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Affaire des écoutes de Siri: le parquet de Paris ouvre une enquête contre Apple

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L'office anti-cybercriminalité a été saisi par le parquet de Paris pour enquête sur la collecte par Apple d'enregistrements d'utilisateurs lors de l'activation de Siri, l'assistant vocal de l'iPhone.

C'est une vieille affaire qui pourrait avoir de lourdes conséquences pour Apple. Ce 6 octobre 2025, le parquet de Paris a ouvert une enquête officielle concernant l'affaire des écoutes par Siri et la collecte par Apple de ces fichiers générés. La procédure a été confiée à l'Office anti-cybercriminalité, a appris Politico.

Elle fait suite à une plainte datant de février 2025 et déposée par la Ligue des droits de l'Homme, alertée par un ancien employé d'un sous-traitant d'Apple, Thomas Le Bonniec.

Un accès humain à des données sensibles

Il travaillait en 2019 pour Global Technical Services, une entreprise basée à Cork (où se trouvent les locaux européens d'Apple) spécialisée dans le traitement de milliers d'enregistrement de Siri, y compris lors d'une manipulation ou d'une activation involontaire, afin d'améliorer l'assistant vocal présent sur iPhone, iPad, Apple Watch et Mac.

Ce sous-traitant, qui n'était pas le seul, avait alors accès à des fichiers potentiellement sensibles et confidentiels, et ce, depuis 2014.

Malgré les alertes lancées par Thomas Le Bonniec, plusieurs mystères entourent cette affaire qui avait été classée sans suite par le gendarme des données personnelles irlandais en 2022. Interrogé par Politico à la suite de l'ouverture de cette enquête, le lanceur d'alerte estime que l'on ne sait toujours pas où sont stockées les données, ni quelles personnes sont affectées par cette collecte.

Au printemps 2025, c'est l'ancien député Julien Bayou (aujourd'hui avocat) qui avait ouvert la voie à un recours collectif, permettant de peut-être recevoir une somme d'argent en dédommagement de la part d'Apple - si toutefois un manquement était constaté.

Apple affirme n'avoir jamais revendu ces données

Officiellement, elle a l'a redit à nos confrères, Apple affirme n'avoir "jamais utilisé les données (de) Siri pour établir des profils marketing", ou pour de la publicité. Aucune revente de ces fichiers n'a par ailleurs été effectuée, affirme l'entreprise américaine.

0,2% des enregistrements audio de requêtes envoyées à Siri, avec leurs transcriptions, étaient traités et conservés, avait ajouté Apple.

Dans un communiqué paru en janvier 2025, Apple avait ajouté qu'elle ne conservait aucun fichier audio en provenance de Siri "à moins que l'utilisateur ait donné son accord". Une affirmation valable à ce moment-là, puisqu'entre 2014 et 2019, cette option était cochée d'office dans les paramètres de confidentialité d'iOS. Elle a depuis été rendue optionnelle. Lors de l'arrivée d'un nouvel appareil Apple, on peut en effet constater un menu demandant si l'on souhaite "participer à l'amélioration de Siri" en partageant des extraits de nos conversations.

La justice va donc tenter d'y voir plus clair, notamment sur le sujet des écoutes pendant les cinq années pointées du doigt par la Ligue des droits de l'Homme et Thomas Le Bonniec.

Sylvain Trinel