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Le prix des forfaits mobiles a fondu, mais cette baisse cache une autre réalité

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Le prix des forfaits mobiles a tendance à baisser mais cette baisse cache aussi une manière permettant aux opérateurs d'augmenter les tarifs.

Après une longue période de hausse au moment du lancement de la 5G, les prix des forfaits mobiles repartent à la baisse. Les opérateurs, qui espéraient profiter d'un effet d'aubaine avec cette technologie, doivent de nouveau se mettre en guerre et lancer des épisodes promotionnels.

Une bonne nouvelle pour les consommateurs? Pas si sûr. Si l'on observe le dernier baromètre de ZoneADSL&Fibre (qui couvre la période de juin à septembre 2024), on découvre dans un premier temps que le coût du gigaoctet (soit la consommation concrète des données) est effectivement en sensible baisse sur trois mois (-36% au global).

SFR, par exemple, voit son prix chuter de quasiment 10% pour s'établir à 0,30 euro par gigaoctet. Mais l'opérateur au carré rouge n'est toutefois pas le meilleur élève, puisque Free affiche fièrement un 0,08 euro par gigaoctet, en baisse de 6% sur trois mois.

Beaucoup trop de data dans les forfaits mobiles

Bouygues Telecom est le plus stable, affichant un bon 0,20 euro par gigaoctet, là où sa filiale low-cost, B&You, est plus onéreuse à 0,21 euro par gigaoctet (+6%). Par ailleurs, contrairement à ce que l'on pourrait croire, Orange n'est pas si onéreux comparé à SFR et Bouygues. L'opérateur historique l'est, évidemment, face à Free Mobile, mais conserve toutefois une certaine compétitivité, affichant 0,38 euro par gigaoctet sous sa marque principale, et 0,26 euro par gigaoctet avec Sosh.

L'évolution des prix de la data dans les forfaits mobiles
L'évolution des prix de la data dans les forfaits mobiles © ZoneADSL&Fibre

Mais le prix en gigaoctet cache une réalité moins intéressante sur le plan financier: à savoir des forfaits comprenant trop de data. C'est le nerf de la guerre, mais la data est généralement, soit trop présente sur un forfait, soit pas assez.

Concrètement, en moyenne, un utilisateur va consommer moins de 15 Go par mois, même en prenant en compte les nouveaux usages. Mais les forfaits adaptés à cette consommation n'existent pas. Chez B&You, il faut ainsi systématiquement prendre au moins 20Go - et encore, sans 5G -, ou passer à 100Go avec 5G.

Pour pousser leurs clients à payer davantage, les opérateurs limitent ainsi la data sur les forfaits les moins chers. Ainsi, que ce soit chez Free, Bouygues Telecom ou encore SFR, on ne peut compter que sur une poignée de gigaoctets - environ 2Go - ce qui est trop peu si on dispose d'un smartphone que l'on utilise même de temps en temps.

Il faut alors passer à des forfaits (trop) fournis en data et forcément plus chers pour l'utilisateur. Et pour expliquer la baisse globale des forfaits rapportée au prix du gigaoctet, il faut comprendre la petite méthode: proposer toujours plus de data sans baisser les prix des forfaits ou en les augmentant par petites touches (un euro ou deux par mois).

En clair, si on peut aussi compter sur des offres promotionnelles plus récurrentes et importantes qu'avant, ce n'est pas tant le prix des forfaits qui bouge et qui permet cette baisse du gigaoctets que l'enveloppe data qui est de plus en plus importante...

Les seules offres à s'aligner sur la consommation moyenne de data se trouvent chez les MVNO (les opérateurs virtuels qui utilisent les réseaux des opérateurs historiques) comme NRJ Mobile, Prixtel ou Cdiscount Mobile avec 10Go pour 3,99 euros/mois. Ils sont d'ailleurs les seules où la baisse du gigaoctet est la plus importante, quand les trois opérateurs historiques sont dans un mouchoir de poche.

Le mieux peut être l'ennemi du bien, et d'une certaine manière, les opérateurs segmentent leurs offres de cette manière afin d'augmenter le panier moyen.

Sylvain Trinel