Rachat de Twitter annulé: ces tweets qui pourraient coûter cher à Elon Musk

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L'affaire Musk/Twitter pourrait n'en être qu'à ses débuts. Après que l'homme d'affaires a mis un terme à son projet de rachat du réseau social, ce dernier a décidé de le poursuivre en justice. L'entreprise, qui estime avoir été destabilisée par ce rachat avorté, a vu son cours de bourse chuter en quelques semaines. La plainte de Twitter contre Elon Musk évoque une série de tweets publiés par ce dernier, jugés problématiques ou dénigrants l'entreprise. Des milliards de dollars de dommages et intérêts sont en jeu.
Pour justifier son retrait, Elon Musk évoque le problème des faux comptes sur Twitter, derrière lesquels se cachent souvent des robots. Ce sujet est aujourd'hui le seul élément avancé par Musk. Il estime que Twitter ne fait pas toute la transparence sur la proportion de ces faux comptes, qui nuisent à l'expérience des utilisateurs. Financièrement, ces faux comptes représentent un enjeu essentiel: les réseaux sociaux se rémunèrent grâce à la publicité qui est affichée aux véritables utilisateurs. Les faux comptes, qui sont intégrés aux statistiques du nombre d'utilisateurs communiquées aux investisseurs, sont donc autant de comptes qui ne sont pas réellement monétisables.
Vaincre les bots ou mourir
Dans sa plainte (accessible ici), Twitter cherche à montrer que la question des faux comptes n'est qu'un prétexte utilisé par Elon Musk pour se retirer, et que ce dernier cherche en réalité à annuler l'accord en raison de la forte chute des marchés financiers et de l'action Tesla, dont sa fortune dépend directement.
Twitter entend montrer que l'homme d'affaires avait parfaitement pris la mesure de cette question avant de s'engager. L'entreprise cite ainsi un tweet d'Elon Musk daté du 21 avril, soit quelques jours avant la signature de l'accord (le 25 avril 2022), dans lequel il évoque clairement la question des faux comptes.
"Si notre offre va au bout, nous vaincrons les spams et les bots (les robots utilisés pour piloter les faux comptes, ndlr), ou mourrons en essayant!", promettait ainsi Elon Musk.
Rachat suspendu
Le document mentionne un autre message, publié cette fois le 13 mai, dans lequel Elon Musk annonce mettre "en pause" son projet de rachat. Une annonce qui, selon Twitter, a été faite sans la moindre consultation préalable. Le tweet fait référence au chiffre de 5% de faux comptes, une estimation publique partagée par Twitter, qui n'a pourtant rien de nouveau: elle figure dans tous les documents de l'entreprise depuis huit ans.
"Le rachat de Twitter est temporairement suspendu en attendant les détails concernant l'estimation de faux comptes, selon laquelle ils représentent moins de 5% des utilisateurs", écrit ainsi Elon Musk.
Echantillon de 100 utilisateurs
La plainte évoque un message, également publié le 13 mai (14 mai à l'heure française), dans lequel Elon Musk annonce vouloir évaluer le nombre de faux comptes sur Twitter en se basant sur un échantillon de 100 utilisateurs. Un chiffre qui peut sembler dérisoire et peu représentatif, qu'il présente pourtant comme l'échantillon utilisé par la plateforme pour effectuer ses calculs.
"J'ai utilisé un échantillon de 100 utilisateurs parce que c'est ce que Twitter utilise pour calculer son ratio de 5% de faux comptes" assure Elon Musk.
Pour Twitter, ce message correspond à "une présentation déformée" de la méthodologie utilisée pour déterminer le pourcentage de faux comptes. L'entreprise assure dans sa plainte qu'une réunion de deux heures a été organisée avec Elon Musk (avant la publication de son tweet), au cours de laquelle il lui a été expliqué que ce chiffre de 5% était en réalité calculé manuellement à partir d'un échantillon d'environ 9000 comptes, chaque trimestre.
Emoji crotte
La plainte fait également écho à une moquerie d'Elon Musk concernant les précisions du patron de Twitter, Parag Agrawal. Le 16 mai, ce dernier a en effet détaillé sur la plateforme la méthodologie utilisée et les données analysées pour déterminer si le compte est bien tenu par un humain (numéro de téléphone, géolocalisation, comportement etc.). Un tentative d'explication à laquelle le milliardaire américain a répondu par un simple émoji représentant une crotte.
Si ce trait humoristique peut sembler anecdotique, il est qualifié de "désobligeant" par l'entreprise, qui rappelle que l'accord signé entre les deux parties les engageaient à éviter tout dénigrement.
"Bonjour la SEC"
Un accord de "non-dénigrement" qui a également été violé le 17 mai aux yeux de Twitter, lorsqu'Elon Musk a publiquement invité la SEC, le gendarme boursier américain, à enquêter sur ce chiffre de 5% régulièrement avancé par Twitter.
"Bonjour la SEC. Il y a quelqu'un ici?", ironise Elon Musk, en réponse à un sondage publié par ses soins, ironisant sur le faible pourcentage de faux comptes avancé par Twitter et appelant les internautes à se moquer de la plateforme.
Dans sa plainte, Twitter précise que malgré ces provocations, l'entreprise a continué à répondre aux demandes "de plus en plus déraisonnables" des équipes d'Elon Musk entre le 16 et le 20 mai 2022.
Une démarche qui n'a donc pas suffi à convaincre le milliardaire de dépenser 44 milliards de dollars pour s'offrir le réseau social et à éviter ce qui pourrait être l'un des procès les plus retentissants de la Silicon Valley.