Sexisme: pourquoi le match de foot "Eleven All Stars" fait polémique chez les streameurs

La composition de l'équipe française du Eleven All Stars - Eleven All Stars
C’est un évènement que les passionnés de streaming attendent avec impatience: le "Eleven All Stars", un match de football opposant la France à l’Espagne. Il ne s’agit pas d’un match sur le jeu FIFA mais d'une opposition bien réelle, au stade Jean Bouin à Paris, samedi 19 novembre à 20h30.
Et la rencontre n’est pas simplement une occasion de faire le show dans un stade de 19.000 places et devant des milliers de personnes sur Twitch. Il s’agit d’une véritable confrontation entre les streameurs français et espagnols, meilleurs ennemis depuis plusieurs mois.
Mais au-delà de la compétition, ce match remet au centre de la table la question du sexisme dans le milieu du streaming, ainsi que le harcèlement dont sont victimes celles et ceux qui tentent d’y remédier.
Equipes 100% masculines
Que ce soit du côté de la France ou du côté de l’Espagne, un mot d’ordre: pas de femmes dans les rangs des deux équipes. Si le GP Explorer de Squeezie avait su accueillir quelques streameuses (seulement trois sur 22 participants), le "Eleven All Stars" aura un effectif entièrement masculin.
Chez les tricolores, on retrouvera ainsi Michou, Inoxtag ou encore Amine, le tout supervisé par Kameto et Said de Pieds Carrés. Pour les ibériques, on retrouvera notamment Ibai aux commandes et Rubius sur le terrain, vidéastes qui avaient beaucoup fait parler d’eux pendant la guerre des pixels en avril dernier.
Et à peine l’équipe française dévoilée, les commentaires ont largement afflué pour dénoncer l’absence de femmes pour participer à ce match.
Et cette absence de créatrices de contenu interroge sur la manière dont le milieu de l’Internet français tend à évoluer d’année en année. Les polémiques et phases de harcèlement sont désormais fréquentes sur les réseaux sociaux, de Twitter à Twitch en passant par Discord.
Harceler, seule solution?
Certains streameurs sont en effet souvent accusés de misogynie. Et plusieurs font partie des noms présents dans la liste des 21 joueurs sélectionnés pour participer au "Eleven All Stars". Problème qu’a tenu à souligner Ponce, streamer français aux 800.000 abonnés sur Twitch.
Dans un tweet citant l’annonce de l’équipe française, Ponce a dénoncé la présence de personnes jugées problématiques dans la sphère de l’Internet français. "Après l’appel à l’aide de certaines streameuses, ça fait mal" a-t-il ajouté.
Aucun nom n’a été donné par Ponce dans son tweet mais il suffit de regarder les commentaires et messages liés à la conversation pour comprendre qu’il évoque Pfut, streamer français spécialiste de football. Certains internautes reprochent entre autres à Pfut ses nombreuses blagues sexistes ainsi qu'une supposée relation avec une mineure.
Pfut est également accusé d'être coutumier des attaques, sous couvert d’humour ou non, envers la streameuse Ultia. Celle-ci est d’ailleurs devenue un dommage collatéral de la polémique avec Ponce et le Eleven All Stars. Pendant plusieurs jours, elle et Ponce ont été en tendance sur Twitter, victimes de nombreuses insultes, "blagues" et autres commentaires désobligeants.
Mais Pfut n’est pas le seul streamer concerné par les accusations de harcèlement ou misogynie. Yass, autre participant au "Eleven All Stars", a aussi été pointé du doigt à plusieurs reprises pour des tweets désobligeants envers les femmes.
Amine, à l’initiative du Eleven All Stars, a toutefois tenté d’expliquer dans une vidéo en direct sur Twitch, l’absence de femmes à son évènement.
Si j’invite une fille je veux la mettre dans les meilleures dispositions. Je n’ai pas envie de foutre une meuf dans la merde, sur un grand terrain où il y aura je ne sais combien de mecs affûtés.
Accusations récurrentes
Ces dernières semaines, le sujet du harcèlement de streameuses a pris de l’ampleur, avec les coups de gueule de multiples protagonistes du milieu. Maghla, l’une des streameuses les plus connues en France, a été à l'initiative du mouvement. Elle a notamment poussé un coup de gueule par rapport aux commentaires et contenus qu’elle recevait.
Fausses photos de nu, menaces de viol, insultes misogynes… Les types de harcèlement venant d’internautes anonymes (ou pas) sont divers et sont devenus légions dans le quotidien des streameuses.
Et au-delà des personnes présentes dans l’équipe "Eleven All Stars", d’autres noms de streameurs ressortent régulièrement dans des affaires de harcèlement ou autres faits plus graves. C’est notamment le cas de Sardoche, 1.3 million d’abonnés sur Twitch, accusé d’avoir eu une relation avec une jeune fille de 16 ans alors qu’il avait 24 ans.
Sardoche s’était par ailleurs illustré par sa réaction lorsque sa compagne lui avait dit s’être fait suivre dans la rue. "Bah il était peut-être pressé" lui avait-il répondu, alors en direct sur Twitch à jouer aux échecs, très peu concerné par l’inquiétude de sa conjointe.
Entre-soi masculin, harcèlement pour éviter la remise en question et polémiques récurrentes: le "Eleven All Stars" cristallise de nombreuses colères. Reste désormais à savoir si les commentaires sportifs ou les critiques prendront le pas sur les réseaux sociaux ce 19 novembre.