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Mort de Jean Pormanove: pour la ministre du Numérique Clara Chappaz, "il y a urgence à sortir de ce Far West numérique"

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S'exprimant au sujet de la mort du streamer, la ministre du Numérique a pointé du doigt la responsabilité des auteurs présumés, des spectateurs et de la plateforme Kick.

Face aux critiques, Clara Chappaz se défend. La ministre du Numérique s'est de nouveau exprimée concernant la mort de Jean Pormanove, alors qu'il lui est reproché de ne pas avoir agi avant. En décembre 2024, Mediapart avait en effet révélé que le streameur avait été la cible de multiples humiliations filmées en direct.

Clara Chappaz a notamment réaffirmé qu'une enquête était en cours depuis la parution de cet article. "Elle ira au bout et on y veillera bien sûr", a-t-elle assuré. Pour la ministre, la mort de Jean Pormanove est une preuve supplémentaire "qu'il y a urgence à sortir du Far West numérique dans lequel on vit aujourd'hui".

"Je parle pas d'affaire, je parlerai d'un drame (...) Comme des millions de Français qui ont découvert que quelqu'un est mort en direct, j'ai été extrêmement choquée de voir ça. La réalité a dépassé la fiction", a déploré la ministre, faisant référence à des séries télé du passé "qui imaginaient ce monde où quelqu'un pouvait mourir en direct, sous les yeux de spectateurs qui ont payé pour voir ce type de contenu".

Une question de responsabilité

La mort de Jean Pormanove pousse également à s'interroger en termes de responsabilité, a estimé Clara Chappaz, à commencer par celle des streameurs connus sous les pseudonymes de "Naruto" et "Safine".

Vient ensuite la responsabilité des spectateurs. "Parce que je pense que si là, autour de nous, tout d'un coup, on voyait un comportement d'humiliation, que quelqu'un se mettait à vomir sur une personne là devant nos yeux, tout le monde serait choqué, tout le monde agirait", a avancé la ministre.

"Or là, dans ce qui s'est passé sur cette plateforme, c'est qu'on a 200.000 personnes qui regardaient ce contenu et pour certains payaient, 200.000 personnes qui suivaient cette chaîne et qui payaient pour suivre cette chaîne", a-t-elle souligné.

Clara Chappaz a ensuite fait savoir qu'elle s'était entretenue avec Kick "il y a peu de temps" et avait de nouveau échangé avec eux aujourd'hui. Alors qu'elle leur a demandé combien d'argent les personnes sur la chaîne de Jean Pormanove et la plateforme elle-même avait gagné avec ces contenus, elle n'a pas obtenu de réponse.

Selon ses propres calculs, la ministre estime qu'ils ont gagné un million d'euros, car le streameur comptait près de 200.000 abonnés sur Kick et qu'un abonnement mensuel coûte un peu moins de 5 euros (4,99 dollars).

"Le marché autour de ce type de contenu doit absolument nous interroger. La dernière des responsabilités, c'est bien sûr celle de la plateforme", a rétorqué Clara Chappaz, rappelant une nouvelle fois que l'Arcom a commencé à enquêter dès le mois de décembre afin de comprendre la responsabilité de la plateforme, mais aussi de "pouvoir s'assurer si oui ou non, il y avait des défaillances".

Kesso Diallo