Après les attaques du Hamas, la crainte des exécutions d'otages en direct sur les réseaux sociaux

Si les images des massacres du Hamas en Israël sont largement diffusées sur des plate-formes comme Telegram ou Twitter, une menace grandissante alarme de nombreux spécialistes: la mise en scène et la diffusion en direct des exécutions des otages israéliens détenus dans la bande de Gaza. Comme l'explique le Washington Post, l'organisation terroriste a, sur sa chaîne Telegram, menacé de diffuser des enregistrements "audio et vidéo" de ses crimes, notamment en cas de bombardements israéliens sur Gaza.
De futurs Christchurch?
Si la modération de Twitter est accusée d'être défaillante face à la multiplication d'images sanglantes, l'application Telegram ne dispose d'aucun système permettant à la plate-forme d'encadrer les contenus qui y sont diffusés.
Bien que Telegram soit en théorie une messagerie, son système de chaînes - récemment imité par Whatsapp - permet dans les faits à des groupes terroristes d'accumuler une large audience numérique. Quelque 120.000 internautes sont ainsi abonnés aux chaînes Telegram du Hamas, rappelle le quotidien américain.
Selon les experts cités par le Washington Post, le scénario choisi par le Hamas pourrait ainsi être la diffusion de vidéos d'exécution sur Telegram, avant que des internautes ne partagent ensuite ces images sur Twitter. Mais ils pourraient aussi opter pour des diffusions en direct directement sur les plate-formes grand public, comme Twitter, Tiktok, Facebook, Twitch ou Youtube.
"Vous ne pouvez pas exclure une démarche analogue à celle de Christchurch" explique Graham Brookie, directeur du laboratoire de recherche numérique de l'Atlantic Council, faisant référence à l'attentat qui a fait 51 morts en Nouvelle-Zélande en 2019, et qui avait été diffusé en direct sur Facebook et Youtube.
Malgré les mesures annoncées par les plate-formes après cet attentat, une autre attaque terroriste, cette fois à Buffalo (Etats-Unis), avait été diffusée en direct sur la plateforme Twitch, puis sur Facebook. Avec un problème insoluble pour les plate-formes: la conservation des images qui peuvent être de nouveau partagées après avoir été supprimées.
"C'est une forme de guérilla émotionnelle. Le Hamas cherche à briser le moral des Israéliens et de la communauté juive" ajoute Josh Lipowsky, chercheur au Counter Extremism Project, une ONG américaine luttant contre la haine en ligne. "Le Hamas est bien préparé pour cela (diffuser des images de violences, ndlr) et a mis au point des outils professionnels pour relayer son message" ajoute-t-il, toujours auprès du Washington Post.