Tech&Co
Données personnelles

Le gouvernement veut généraliser la vidéosurveillance algorithmique

placeholder video
Après une expérimentation lors des JO 2024, le gouvernement veut pérenniser la vidéosurveillance algorithmique, malgré l'absence d'un rapport d'évaluation prévu par la loi.

"Nous allons généraliser la méthode expérimentée pendant les Jeux olympiques". Lors de son discours de politique générale de ce 1er octobre, le Premier ministre Michel Barnier est revenu sur son ambition en matière de sécurité. S'il n'a pas ouvertement fait référence à la vidéosurveillance algorithmique, expérimentée lors des JO 2024, c'est bien cet outil qui est concerné, précise le ministère de l'Intérieur à Tech&Co, confirmant une information de Franceinfo.

"C’est bien l’intention du ministre (de l'Intérieur, ndlr) de tirer les enseignements des JO. Ce point en fait partie et la nécessité d’une loi est incontournable" précise le ministère de l'Intérieur à Tech&Co.

Pour rappel, la vidéosurveillance algorithmique consiste à ajouter des logiciels d'intelligence artificielle chargés d'analyser en temps réel les images de vidéosurveillance, par exemple pour détecter un regroupement de personnes, ou un comportement suspect. L'outil n'intègre en revanche pas de reconnaissance faciale, consistant à identifier précisément un individu filmé.

Un rapport d'évaluation avant la fin de l'année

Son utilisation avait été autorisée, à titre d'expérimentation, pour les Jeux olympiques 2024, dans une loi dédiée, adoptée début 2023. Selon le texte, la vidéosurveillance algorithmique pouvait être expérimentée jusqu'au 31 mars 2025. La loi impose par ailleurs la remise par le gouvernement au Parlement d'un "rapport d'évaluation de la mise en œuvre de l'expérimentation", et ce avant la fin de l'année 2024. Un document que le gouvernement n'aura donc pas attendu pour décider de pérenniser ce nouvel outil après le mois de mars prochain.

En généralisant la vidéosurveillance algorithmique (ou "intelligente"), le gouvernement répond favorablement à la demande du préfet de Paris Laurent Nunez. Lors d'une audition devant la commission des lois de l’Assemblée nationale le 25 septembre, il avait, à titre personnel, tiré un bilan favorable de cet outil, déployé sur une dizaine de sites pendant les JO. Sans pour autant qu'il ne mène à une quelconque interpellation, précisait-il.

En septembre 2023, l'ancienne ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, envisageait déjà une généralisation, assurant toutefois qu'elle ne serait pas décidée "sans une évaluation précise, transparente, de son efficacité". Une position alignée sur celle de la Cnil, qui s'était dit favorable à un tel outil, à condition que l'efficacité des caméras augmentée" puisse être "prouvée" et "leur utilisation nécessaire".

"Celle-ci devrait être autorisée par une loi spécifique qui, à l’issue d’un débat démocratique" ajoutait ainsi la Commission sur son site, en 2022.

"Une généralisation non maîtrisée de ces dispositifs, par nature intrusifs, conduirait à un risque de surveillance et d’analyse généralisée dans l’espace public" prévenait ainsi la Cnil, rappelant que l'adoption d'une nouvelle loi, comme le prévoit le gouvernement, est indispensable.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co