Des soirées électro au festival We Love Green: comment Shotgun s'est fait une place sur le marché de la billetterie

L'application Shotgun - Tech&Co
"Pour un fêteur comme moi, c'est devenu indispensable", reconnaît Pierre, 23 ans. Toutes les semaines, à l'apporche du week-end, il se rend sur Shotgun, une plateforme de billetterie française. Pendant plusieurs minutes, il scrolle à la recherche de sa prochaine soirée. "Je l'utilise tout le temps", confirme-t-il.
"Avec mes amis, on sort beaucoup en soirées techno. Et il n'y a que sur cette application que tu peux réserver ces types d'événements." C'est simple, "les 3/4 de mes concerts ou de mes soirées, je les prends sur Shotgun", chiffre l'étudiant.
Pierre est loin d'être une exception. Depuis une dizaine d'années, l'application Shotgun s'est progressivement frayée une place dans le marché très fermé et concurrentiel de la billetterie. Pour preuve, la plateforme compte plus de 7 millions d'internautes dans le monde et détient surtout, en France, 40% des parts de marchés sur les musiques actuelles (électro, rap, rock, pop).
L'effet bouche-à-oreille
C'est justement via l'univers de la nuit que Shotgun a su s'imposer progressivement dans l'événementiel. "Tout est parti d'un besoin personnel", se remémore Romain Dugier, cofondateur de l'application aux côtés de Lucas Gérard et Tristan Le Corre, auprès de Tech&Co.
"En 2014, mes associés et moi-même sortions beaucoup. Mais à l'époque, il n'y avait pas d'outil qui permettait de découvrir de manière simple et intuitive l'offre événementielle électro à Paris", observe-t-il. "C'était une industrie poussiéreuse." A l'époque, les fêtards écumaient la Fnac ou Facebook Event.
Ni une, ni deux, les trois amis décident de lancer une plateforme de billetterie. Mais difficile de se faire une place dans un marché au nombre d'acteurs limités. Alors les trois entrepreneurs se retroussent les manches:
"Pendant un an, tous les soirs du week-end, on distribuait des flyers devant la queue des clubs. (...) On était heureux quand on arrivait à générer une trentaine de téléchargements par soir", s'amuse l'entrepreneur.
Passé le cap des 10.000 utilisateurs, "le bouche-à-oreille a commencé à faire son effet. C'est ce qui s'est passé pour Julien, 21 ans. "Mes amis m'ont proposé une soirée à la Wanderlust (un célèbre club parisien, NDLR). Et pour avoir une place gratuite, il fallait passer par l'application", se souvient l'étudiant en marketing. Depuis, il a complètement adopté Shotgun. "Toutes mes soirées sont dessus. C'est centralisé et hyper pratique."
"Organiser sa vie sociale"
Car depuis ses débuts en 2014, Shotgun a bien grandi. Si la plateforme continue à vendre des billets pour les petits clubs de la scène électronique, l'entreprise s'est étendue aux salles de concerts comme les Zéniths qui diffusent de la techno, du rap ou encore du rock et de la pop, et même aux festivals plus grand public.
Au programme, des concerts de Bigflo et Oli, de Dinos ou encore des grands événements, comme les festivals We Love Green et le Delta Festival, ou des concerts d'artistes. Au total, la start-up revendique plus de 5.000 entreprises clientes.
Mais "Shotgun n'est pas un simple support technique de billetterie. On propose une plateforme complète", insiste Romain Dugier. "En plus d'acheter un billet, on peut organiser sa vie sociale autour."
En effet, en dehors de la vente classique de billets, Shotgun permet d’accéder à l’agenda des soirées près de chez soi. Il est également possible d'inviter ses amis, de partager des billets ou de suivre des artistes. En liant ses comptes Spotify ou Apple Music à Shotgun, l’utilisateur peut également être averti du passage de ses artistes préférés.
Et surtout, l'entreprise permet de revendre ses billets de manière 100% sécurisée. Un atout de taille alors que la revente illicite de faux billets gangrène la quasi-totalité des concerts.
Une plateforme de revente sécurisée
"Ca permet aux producteurs de vendre de manière sécurisée et aux utilisateurs d'acheter simplement et plus souvent", analyse Romain Dugier. "Quand on sait qu'une revente est activée et sécurisée, on n'hésite plus à acheter son billet."
Les internautes qui n'ont pas eu de place pour un concert à guichets fermés peuvent également intégrer une fuite d'attente virtuelle pour être averti de chaque ticket remise en vente et acheter le précieux billet.
C'est ce qu'a fait Sophie, 24 ans. "J'étais trop dégoûtée de ne pas avoir eu de places pour La Purple (une soirée parisienne, NDLR)", lance la chargée de communication. "Mais quelqu'un a fini par revendre sa place un peu avant." Contre quelques euros supplémentaires, la voilà donc en direction de la fête. "Je me suis déjà faite arnaquer pour un concert alors je ne pense pas que j'aurais pris le risque d'acheter un billet sur un groupe Facebook ou devant la boite."
Comme beaucoup d'autres marketplace, Shotgun récupère une commission de 10% sur l'ensemble des transactions, achat ou revente de billets, générée sur l'application.
En dehors de la billetterie, la startup propose aussi des services pour les professionnels via son logiciel Smart Board. "Une suite d'outils qui permet aux professionnels d'imaginer leur événement et de mieux cibler leurs communautés", précise Romain Dugier. Pour cela, la plateforme récolte de nombreuses données sur les utilisateurs, comme leur type de musique préférée, ou les lieux les plus visités.
Et l'entreprise ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. En 2020, Shotgun a levé deux millions d'euros pour s’implanter au Brésil, au Portugal et aux États-Unis. Avec un objectif: devenir la plateforme numéro un sur tous les styles de musique actuelle. "Quand les utilisateurs ouvrent Shotgun, ils doivent avoir l'assurance de trouver l'exhaustivité de l'offre événementielle en France et dans les pays dans lesquels nous sommes implantés", conclut l'entrepreneur. En attendan les fans de Lady Gaga ou de Beyonce devront continuer à se battre sur Ticketmaster pour obtenir leur précieux billet.