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400.000 participants au tournoi: à Roland-Garros, le champion est aussi sur mobile

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À l’occasion des Internationaux de France qui se tiennent à Roland-Garros, Tech&Co a rencontré un champion plutôt discret, mais tout aussi efficace que les stars des courts. Et peut-être futur champion olympique e-sport.

Un dernier coup droit et le titre est pour lui. Roland-Garros vient de sacrer de nouveau son roi. Un doublé pour le champion anglais. William Foster remporte le tournoi porte d’Auteuil pour la seconde année consécutive. Vous ne le connaissez pas? C’est presque normal. Dans les allées de Roland-Garros, malgré son grand gabarit, il passe inaperçu. Pas de fans pour se retourner ni l’arrêter pour lui demander un autographe.

Il faut dire que William est le roi de la terre battue, mais il a troqué la raquette pour le smartphone. Son court de tennis à lui, c’est Tennis Clash, un jeu mobile aux millions de joueurs. Et le Britannique y est même le tout meilleur du moment, vainqueur des Roland-Garros eSeries, le tournoi esport organisé par la Fédération française de tennis. Après s’être imposé en 2022, Ƒøzzу, comme il est surnommé, s’est imposé une seconde fois en finale face au Chinois Shenghao He (10-8, 10-9, 10-8).

Et William est devenu la terreur des courts virtuels, déjà vainqueur de l’Australian Open Tennis Clash en début d’année. “On a eu 400.000 participants au tournoi en ligne”, explique Aymeric Labaste, directeur des opérations internationales de Roland-Garros à la FFT et qui espère ainsi faire rayonner le tournoi sur un nouveau terrain. “Ici, ce sont les huit meilleurs qui se sont retrouvés, avec une grande diversité de profils”.

L’e-sport, une nouvelle façon de promouvoir Roland-Garros

Car en plus des six joueurs sortis des qualifications, les Roland-Garros eSeries ont aussi convié les gagnants des tournois réservés aux femmes et supervisé par l’association Women in Games et aux joueurs en situation de handicap, tournoi porté par Handigamers. “On voulait le tournoi le plus inclusif possible pour cette sixième édition”, précise Aymeric Labaste.

Les deux finalistes du tournoi e-sport de Roland-Garros sur Tennis Clash
Les deux finalistes du tournoi e-sport de Roland-Garros sur Tennis Clash © FFT

Avec cette ouverture à l’e-sport, Roland-Garros s’offre aussi une vitrine supplémentaire, en ligne. Car la compétition était retransmise sur la chaîne Twitch du streamer Ravenzi, avec également une autre streameuse connue du jeune public, Little Big Whale, et l’ancien joueur français Gilles Simon, caution petite balle jaune de la compétition. Une façon aussi de se tourner vers une audience plus connectée qui ne fait pas forcément le déplacement jusqu’au stade.

En allant chercher des joueurs sur mobile, la FFT montre ainsi son ouverture vers de nouveaux supports, sans perdre pour autant son côté “professionnel”. Car ces e-joueurs ont une préparation assez similaire. Dès leur arrivée, ils ont ainsi été traités quasiment comme les joueuses et joueurs du circuit professionnels en lice pour soulever les trophées des Internationaux de France.

“On les met dans des conditions quasiment professionnelles, même si ce sont des joueurs amateurs, dans l’expérience qu’on leur propose ici”, ajoute le patron du e-tournoi.

“Il n’y a pas uniquement cette partie jeu vidéo. Ils sont arrivés deux jours avant la compétition. Ils ont eu des sessions autour de plusieurs thématiques, pour savoir répondre aux médias, se préparer physiquement avec des tests cognitifs, physiques, etc.”

Une épreuve plus mentale que physique

Si les joueurs s’entraînent et jouent toute l’année sur le smartphone ou la tablette de leur choix, pour que la compétition soit équitable, les organisateurs ont fourni à chacun un même appareil: le Oppo Find X5 Pro. La marque est sponsor de Roland-Garros et son smartphone haut de gamme brille aussi par sa réactivité tactile sur l’écran, un facteur indispensable pour les joueurs. Ils ont d’ailleurs chacun leur stratégie pour affûter leurs coups, un pot de talc ou de magnésie posé sur la table pour faire mieux glisser les doigts sur la dalle.

William "Fozzy" Foster (à gauche), vainqueur du tournoi e-sport de Roland-Garros sur Tennis Clash
William "Fozzy" Foster (à gauche), vainqueur du tournoi e-sport de Roland-Garros sur Tennis Clash © FFT

Et n’allez pas croire qu’il suffit de renvoyer la balle du bout des doigts pour être un champion. “Il y a une partie très stratégique dans Tennis Clash”, rappelle Aymeric Labaste. “Le fait d’être un joueur de tennis va aider dans les trajectoires et les tactiques de jeu. Si on n’est pas joueur, ce sont des réflexes qu’on n’a pas forcément et qu’on va mettre du temps à acquérir.”

Et Williams Foster d’ajouter : “C’est comme aux échecs. Il faut avoir 5-6 coups d’avance. J’y joue beaucoup aussi, je pense que ça m’aide à anticiper.” Selon le champion, le mental prévaut sur la préparation physique, même s’il admet qu’il faut aussi “être affûté, sur ses gardes et avoir de très bons réflexes.”

Direction les JO de Paris

Pour ce nouveau titre à son palmarès, le Britannique empoche 3500 euros, bien loin des primes réservées aux futurs vainqueurs des Internationaux. Son titre en poche, William peut désormais se tourner vers son prochain challenge: le titre olympique à Singapour. C’est là que se tiendra du 22 au 25 juin la toute première Semaine d’Esports Olympiques décrétée par le Comité international olympique. Un prélude à ce qui se déroulera l’an prochain pour les Jeux de Paris. Au programme: des compétitions virtuelles autour du cyclisme, du baseball, de la voile… et donc du tennis.

William ne veut pas se mettre de pression et se prépare pour ce tournoi comme pour n’importe quel autre. Mais avec la perspective d’une couronne d’un nouveau genre, la première dans sa catégorie, le jeu ayant été retenu comme titre compétitif. Un autre débat entre les habituels jeux e-sport les plus connus comme Counter-Strike: GO, Valorant ou League of Legends, et les jeux de sport retenus moins conventionnels, dans lequel il ne veut pas se lancer, tout content de s’être qualifié même s’il sait qu’il reste du chemin à parcourir. Pour lui, comme pour sa discipline.

Melinda Davan-Soulas