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"On arrive à maturité": les jeux vidéo bientôt aux Jeux Olympiques?

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Alors que les compétitions esports font de plus en plus adeptes à travers le monde, l'idée d'en faire une épreuve olympique trace aussi son chemin. Une question d'ADN et de valeurs à partager, selon François-Xavier Denièle, en charge de l'esport chez Ubisoft.

Petit à petit, l'esport trace sa route et se structure de plus en plus solidement. Depuis le 1er juillet 2017, les joueurs professionnels disposent d’un statut juridique en France en tant que salariés avec un contrat à durée déterminée (de 1 à 5 ans), renouvelable indéfiniment et sans délai de carence. Les joueurs esport reconnus bénéficient aussi d’une protection sociale.

Selon Statista, la France comptait ainsi, en 2021, 915 joueurs d’esport recensés, 2e très loin derrière les États-Unis (3630), mais juste devant l’Allemagne (900). Pays phares de l’esport, le Brésil (889) et la Corée du Sud (844) en dénombrent moins encore.

La France à la pointe de la législation sur l'esport

Des premiers pas qui sont un signe encourageant, reconnaît François-Xavier Denièle, vice-président en charge de l’esport et des jeux compétitifs chez Ubisoft. "La France est un marché assez en avance sur l’aspect législatif et les discussions avec l’État sont vraiment intéressantes", explique-t-il. "On voit vraiment un intérêt des pouvoirs publics sur le développement du esport". Il faut dire que des états généraux de l’esport ont déjà été organisés et que le président Emmanuel Macron a également pris des décisions en ce sens pour faire de la France "une place de l’esport mondial" avec l’organisation de finales des plus prestigieuses compétitions.

Emmanuel Macron et le streamer Adrien "ZeratoR" Nougaret lors d'une rencontre avec les acteurs de l'eSport français à l'Elysée en juin 2022.
Emmanuel Macron et le streamer Adrien "ZeratoR" Nougaret lors d'une rencontre avec les acteurs de l'eSport français à l'Elysée en juin 2022. © JULIEN DE ROSA / POOL / AFP

Un Major de Counter-Strike: GO est d’ores et déjà prévu pour mai prochain. Mais d’autres suivront comme les Trackmania Games, sur lesquels planche Ubisoft pour 2024. "Ce sera très novateur, très différent, à l’image du jeu", souligne François-Xavier Denièle au sujet d’un titre qui connaît déjà de multiples compétitions, dont la plus célèbre est poussée par le streamer ZeratoR.

Pour le responsable esport, la reconnaissance de l’esport par les pouvoirs publics est un premier pas important. Mais cela doit aussi passer par l’Union européenne pour revoir les compétitions entre les régions du monde et réaliser "un travail de cohésion". "Il y a un vrai sujet sur l’accueil des joueurs, les visas, les transferts de joueurs d’une région à une autre pour des compétitions", déclare-t-il. "On n’est pas comme le sport pour prévoir longtemps en amont. On sait souvent très tard quelle équipe va participer à une compétition."

Pour renforcer le cadre pour les joueurs et équipes esport, ou tout simplement la place du jeu esport en France, il estime qu’il faut mieux définir la place des associations dans l’écosystème. Il faut aussi mieux protéger le joueur et lui trouver une place bien définie sur le marché de l’emploi.

Et l'esport aux Jeux Olympiques ?

La France est ainsi moteur dans la recherche d’un cadre législatif à l’échelle européenne. Mais ce n’est pas le seul sujet sur lequel elle se bat pour faire reconnaître la place de l’esport. Il y a aussi les Jeux olympiques. Depuis longtemps se murmure l’intronisation du jeu vidéo compétitif au calendrier olympique. Mais cette possibilité a réuni autant de supporters que de détracteurs. Thomas Bach, président du Comité International Olympique avait, en 2020, avancé que l’esport pourrait être admis au programme olympique un jour, mais "tout dépend de quand ce jour viendra." Du Brésil au Japon en passant par l’Allemagne ou la France, on espère vite.

On voit qu’il y a néanmoins une véritable envie de structurer une histoire autour de l’esport", avance François-Xavier Denièle. "Cela met du temps, car il faut qu’elle trouve son propre ADN et qu’elle s’associe aux valeurs olympiques."

Une association qui ne peut que réussir, de l’aveu du responsable d’Ubisoft. "On a, des deux côtés, appris à se connaître depuis de nombreuses années", explique-t-il. "On arrive à maturité et cela va devenir intéressant de voir comment on respecte l’ADN et les valeurs des deux. Mais je pense que les JO ont vraiment un intérêt de plus en plus important pour l’esport. À nous de trouver quel type de jeu, quel type de modèle on veut voir avec eux. Mais je pense qu’on est dans la bonne direction".

Reste alors à savoir quel jeu l’emportera et aura le droit aux lauriers olympiques. Chez Ubisoft, on espère évidemment qu’un titre maison sera retenu, mais les ténors du secteur, de League of Legends à Dota 2 en passant par FIFA ou PUBG, seront aussi au coude à coude pour être les heureux élus.

Prémices d’une possible arrivée aux JO, les Jeux d’Asie, organisés à l’automne 2023, accueilleront pour la première fois des épreuves esports, avec une médaille en jeu. Et parmi les premiers en lice: Dota 2, FIFA, Hearthstone, League of Legends ou encore Street Fighter V. Le premier galop d’essai pour beaucoup d’éditeurs, mais aussi de joueurs, pourrait prendre la forme de la toute première Olympic Esports Week organisée à Singapour du 22 au 25 juin 2023.

Par Melinda Davan-Soulas