Rouen: un buraliste affiche une pancarte pour dénoncer les propos racistes de ses clients

Une pancarte contre le racisme. Devant son tabac-presse du centre-ville de Rouen, Pascal, buraliste, a disposé une affiche. On peut y lire : "Ce tabac-presse est tenu par un Français asiatique (...). Veuillez exprimer vos propos, théories et autres blagues douteuses ailleurs."
Ce geste a rapidement été mis sur le devant de la scène grâce à la publication d'une internaute sur X, qui a été vue plus d'un million de fois en l'espace de 24 heures. "Vu à Rouen ce jour. Ça en dit long...", a-t-elle écrit.
"Racisme décomplexé"
Dans les commentaires, les réactions se multiplient. Dans la rue aussi, le message interpelle. "Je trouve ça pitoyable, je trouve ça bien dommage. On est en France, il est français comme nous tous ici, qu'il fasse son métier et qu'on le laisse tranquille", se désole Eloïse, auxiliaire de vie.
"S'il a fait ça, c'est qu'il a eu des réflexions désagréables, donc c'est une manière de se défendre", assure Guy, un retraité rouennais.
"Nous sommes amis, nous sommes commerçants, nous sommes voisins donc il a mis cet écriteau parce qu'il subit régulièrement du racisme décomplexé. On l'insulte de chinois, on lui dit qu'il blanchit de l'argent. C'est un ras-le-bol qu'il a eu. Lui, je le comprends. Ce que je ne comprends pas, ce sont les réflexions des personnes chez lui", dénonce Karine, une commerçante du centre-ville.
"Ma femme, ça la pesait beaucoup"
"J'ai mis ce petit mot à titre informatif", a confié le commerçant à France 3. Mais pas seulement. Il s'agit d'un réel engagement de lui et de sa femme. Même s'ils ne sont pas d'origine asiatique, ils ont fait cette pancarte pour dénoncer les remarques racistes portées à l'encontre de leurs confrères.
Lorsque Pascal est absent du tabac-presse, sa femme "subit quelques réflexions, des remarques, des mauvaises blagues". Ce sont "des accents, on me demande s'il y a un Chinois caché ou on me dit "Je ne vais pas dans un autre tabac parce que c'est tenu par un jaune"", a raconté le buraliste à nos confrères.
Des propos racistes qui ont commencé à devenir "plus fréquents". "Ma femme, ça la pesait beaucoup", se souvient-il. C'est ce qui l'a poussé à agir en installant cette affiche pour les clients.
"Je veux qu'ils sachent où ils mettent les pieds. Ce mot, c'est pour informer les personnes hostiles, que si elles ont des choses à dire, qu'elles viennent me les dire", a affirmé Pascal.
Depuis l'affichage, les gérants du tabac-presse assurent que les commentaires ont cessé.