Procès des effondrements de la rue d'Aubagne: les avocats des principaux prévenus plaident la relaxe

Des pompiers cherchant des victimes après l'effondrement de deux immeubles, rue d'Aubagne à Marseille, le 5 novembre 2018 - Loic AEDO © 2019 AFP
Les avocats des principaux prévenus des effondrements mortels de la rue d'Aubagne, à Marseille, ont plaidé ces lundi et mardi 16 et 17 décembre la relaxe, se renvoyant la balle ou repoussant des responsabilités sur les absents du procès.
"Le tribunal n'est pas une tribune, il n'est pas saisi de l'habitat indigne", a commencé à expliquer Me Christophe Bass, l'avocat du syndic du 65 rue d'Aubagne, qui s'est effondré le 5 novembre 2018 tuant huit personnes. Pour lui, le cabinet Liautard "a fait son travail même si ses propositions ont été rejetées par les copropriétaires".
"Une hérésie"
Mais pour Me Pierre Ceccaldi, c'est "une hérésie" d'avoir poursuivi des copropriétaires du 65 rue d'Aubagne qui n'avaient pas été poursuivis pendant l'instruction mais ont été cités à comparaître par des parties civiles. Pour l'avocat, il a été fait le "procès d'intention" sur un prétendu "appât du gain" de son client, Xavier Cachard, propriétaire, avocat du syndic et aussi à l'époque élu régional.
Il n'a certes pas "exprimé ses sentiments" lors des sept semaines d'audience mais c'est par "pudeur", l'a défendu Me Ceccaldi, estimant qu'il n'y avait "rien" pour le condamner. Le procureur a, en effet, réclamé pour lui la peine la plus lourde: cinq ans de prison dont trois ferme, estimant que les copropriétaires avaient "connaissance des problèmes structurels" mais qu'ils avaient "joué la montre" pour "dépenser le plus tard possible et le moins possible".
L'épineuse question des experts
S'agissant de l'architecte Richard Carta, qui avait expertisé l'immeuble moins de trois semaines avant son effondrement, une relaxe a également été réclamée par ses avocats qui ont confié que la peine requise (trois ans dont deux ferme) l'a "abasourdi". Me Cyril Gosset s'est étonné que son client soit poursuivi et pas l'autre expert, Reynald Filipputti, qui avait bénéficié d'un non-lieu "alors qu'il connaissait l'immeuble depuis quatre ans".
Son autre avocat parisien, Me Cyrille Charbonneau, a insisté: le rôle de l'expert judiciaire n'est pas de mettre fin au péril d'un immeuble mais à l'imminence d'un péril. Certes, il n'a pas proposé de faire évacuer la totalité des locataires mais dans tous les cas, c'est la mairie qui décide.
Ce mercredi, la défense de Julien Ruas, qui était justement l'adjoint au maire chargé de ces questions à la mairie dirigée alors par Jean-Claude Gaudin, décédé en mai et dont l'ombre a plané sur les débats, doit plaider. La décision du tribunal correctionnel sera mise en délibéré.