Procès d'un narcotrafiquant marseillais: sa maîtresse, ex-surveillante de prison, nie tout "service"

Le tribunal judiciaire de Marseille (image d'illustration) - NICOLAS TUCAT
Une surveillante de prison, devenue la maîtresse d'une figure de la bande marseillaise de narcotrafiquants des "Blacks", a réfuté, ce mercredi 12 février devant le tribunal, lui avoir "rendu le moindre service".
Démissionnaire en janvier 2023 de l'administration pénitentiaire, la jeune femme âgée de 28 ans se voit reprocher de s'être associée à son amant, Chaer Ali Mohamed, jugé pour un projet d'assassinat visant Eddy Mendil, "patron" du clan adverse de la cité des Oliviers A.
"Il ne m'a jamais rien demandé"
Comparaissant libre, l'ex-surveillante a convenu ne pas "avoir eu le bon positionnement déontologique", même si, comme l'a rappelé le tribunal, une relation sentimentale entre un détenu et une surveillante pénitentiaire n'est pas une infraction pénale. Sa relation amoureuse avec Chaer Ali Mohamed avait commencé dès la sortie de prison de ce dernier en novembre 2021.
"Il ne m'a jamais rien demandé", a-t-elle affirmé au tribunal, niant notamment avoir pu lui indiquer les dates de permission de sortie d'Eddy Mendil, incarcéré dans un autre établissement. Affectée en janvier 2018 à la maison d'arrêt d'Aix-en-Provence, la jeune fonctionnaire avait vite développé un intérêt pour le crime organisé marseillais, établissant des fiches par clans dans un cahier à spirales. Elle désirait travailler dans le renseignement pénitentiaire, "mon délire c'était d'avoir des informations", a-t-elle confié.
Une discussion téléphonique comme pièce clée
Le tribunal a cependant manifesté son étonnement à propos, par exemple, d'une discussion téléphonique entre la jeune femme et un détenu transféré à Valence (Drôme). "Tu m'as manqué", confie la surveillante à son interlocuteur, la conversation tournant autour des moyens de faire rentrer du cannabis et des téléphones en cellule.
"Même si vous êtes confrontée à la violence, à des tentatives permanentes de corruption, comment en arrive-t-on à une conversation aussi anodine sur des choses qui ne le sont pas ?", questionne le président du tribunal. Décrivant "une usine" où "les détenus ne sont vus que comme des numéros d'écrou", la jeune femme dit avoir voulu "faire du social".
Les réquisitions attendues jeudi
Rouée de coups par deux hommes, le 13 juillet 2020 devant son domicile marseillais, un rapport de sa hiérarchie avait analysé cette agression comme des rétorsions commanditées par les chefs d'un réseau de stupéfiants dont les cellules avaient été fouillées. Mais des rumeurs en détention - "à prendre avec des pincettes" selon le tribunal - faisaient courir le bruit que la surveillante aurait été "payée pour faire rentrer quelque chose et ne l'aurait pas fait".
Travaillant désormais comme intérimaire et souhaitant devenir ambulancière, la jeune femme dit vouloir "se reconstruire", affirmant que sa relation avec Chaer Ali Mohamed est "terminée car il m'a menti". Le réquisitoire est attendu jeudi.