"Email Diamant": le procès du clan corse du Petit Bar pour "blanchiment aggravé" s'ouvre à Marseille

24 personnes sont jugées notamment pour "blanchiment aggravé", à partir de ce lundi 24 février au tribunal correctionnel de Marseille dans le cadre de l'affaire tentaculaire de l'"Email Diamant", comme baptisée par les enquêteurs, à savoir celle du soupçon de blanchiment effectué par le clan criminel corse du "Petit Bar".
Un procès sans Jacques Santoni
Connu pour trafic de drogue, extorsions et assassinats, le clan du "Petit Bar" est accusé d'avoir lavé des dizaines de millions d'euros d'argent sale via Hong Kong, Singapour, le Luxembourg ou la Suisse.
Mais ce dossier tentaculaire s'est ouvert sans le principal prévenu, Jacques Santoni, alias "Tahiti", le chef présumé de la bande, tétraplégique depuis un accident de moto en 2003 et représenté par son avocate lundi matin.
Selon l'ordonnance de renvoi devant le tribunal, longue de 934 pages, c'est lui qui aurait dirigé l'"organisation structurée et hiérarchisée" mise en place entre janvier 2018 et janvier 2021 en Corse-du-Sud, en Île-de-France "et par lien d'indivisibilité à Hong Kong, Singapour, en Suisse et au Luxembourg".
Des écoutes des enquêteurs
Ce procès est permis grâce à des écoutes menées par les enquêteurs, explique Le Monde. En 2018, des membres du clan du Petit Bar, dont Jacques Santoni, ont été mis sur écoute après une tentative d'assassinat subie par Guy Orsoni, le chef présumé d'une bande rivale.
Sur ces écoutes, les enquêteurs ont alors entendu un bruit qui revenait, celui de machines à billets. Les membres du clan ont également énoncé d'autres faits qui vont alerter la police: un pourboire de 1.000 euros donné au portier d'un hôtel de luxe ou l'achat d'un tee-shirt de presque 1.200 euros.
Les bénéfices du clan entre 2006 et 2008, liés au trafic de stupéfiant, s'élèveraient à au moins 30 millions d'euros, selon l'accusation, rapporte le journal du soir.
Quatre personnes en fuite
Parmi les personnages clés de cette affaire, on retrouve Antony Perrino, entrepreneur corse passionné de montres de luxe et ami proche des dirigeants du clan. Il est soupçonné d'avoir été à la manœuvre de l'opération menée par ce clan pour investir de façon occulte dans des opérations à Courchevel notamment, avec la construction de 70 logements pour saisonniers et un projet de chalets de luxe.
Des liens avec la police ont également été révélés. Ils auraient permis la fuite des principaux protagonistes à la fin du mois de septembre 2020. Un jour avant leur interpellation prévue.
Sur les 24 personnes jugées, quatre sont en fuite et sous mandat d'arrêt, dont Mickaël Ettori, un des très proches de Santoni.
Parmi les 20 autres, seuls 13 étaient présents lundi matin à l'ouverture du procès, dont Pascal Porri et André Bacchiolelli, considérés comme ses bras droits. Les sept autres, dont Jacques Santoni donc, étaient seulement représentés par leurs avocats.
Plusieurs membres de cette bande avaient déjà été condamnés en 2010 pour un trafic international de stupéfiants. Mais le bénéfice de ce réseau, évalué à "au moins 30 millions d'euros", n'a jamais été retrouvé, rappellent les juges.
Sonia Susini-Santoni, présentée comme la "pierre angulaire du système clanique dirigé par son époux" Jacques Santoni, et son frère Jean-Laurent Susini, étaient eux présents lundi. Ils sont notamment soupçonnés d'avoir aidé le chef du "Petit Bar" à blanchir deux millions d'euros grâce à un véritable gain de quatre millions d'euros au loto.
D'autres femmes seront également jugées, dont Saveria Lucchini, la compagne de Michael Ettori, représentée, et Valérie Mouren, celle de Pascal Porri, bien présente sur le banc des prévenus.
Le procès doit prendre fin le 28 mai prochain.