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"Une attaque en règle de la Région": la mairie de Lyon fustige les baisses de subventions aux acteurs culturels

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L'exécutif d'Auvergne-Rhône-Alpes prévoit de réorienter ses financements vers d'autres établissements du territoire. Un argumentaire "profondément malhonnête" pour Nathalie Perrin-Gilbert, adjointe de Grégory Doucet.

Les subventions de la Région Auvergne-Rhône en matière de culture sont-elles trop souvent dirigées vers des établissements lyonnais? A cette question, Nathalie Perrin-Gilbert répond par une moue. L'adjointe déléguée à la culture de Grégory Doucet juge que les raisons invoquées par l'exécutif régional pour justifier les coupes budgétaires à venir ne tiennent pas debout.

"Tout ceci est profondément malhonnête. Et c'est faux, a-t-elle grincé ce vendredi au micro de BFM Lyon, environ une semaine après le début d'une polémique qui autant a irrité les acteurs culturels concernés -la Villa Gillet, la Biennale d'art contemporain ou encore l'opéra- que les élus de la mairie et de la Métropole.

"Il n'y a pas de jugements portés sur les actions conduites par ces structures, simplement le souci de conduire l'action culturelle régionale sur l'ensemble du territoire", a insisté l'exécutif régional par l'intermédiaire d'un communiqué.

Des aides municipales pour sauver la Villa Gillet?

Si l'enveloppe consacrée à la culture, estimée à 62 millions d'euros, n'a pas vocation à être modifiée, cette décision n'en est pas moins une "attaque en règle de la Région sur l'ensemble du secteur culturel", qui plus est "annoncée par voie de presse" à la fin du mois d'avril, selon l'adjointe à la mairie de Lyon.

Concrètement, le nouveau système d'irrigation financier des établissements culturels évoqué par le Conseil régional (dont les contours restent flous) privera la Villa Gillet de 350.000 euros. "Ça veut dire que la Région se retire en totalité du fonctionnement de la Villa Gillet, fulmine Nathalie Perrin-Gilbert. Et 350.000 euros, c'est un tiers du budget la Villa Gillet."

D'autant qu'une portion de ce budget est investie dans le cadre d'un événement littéraire organisé dans 40 lycées, dont "20 sont en dehors de Lyon et de la Métropole", surligne Nathalie Perrin-Gilbert.

Une telle coupe budgétaire assombrirait l'avenir pour la Villa Gillet, que l'élue décrit comme "un lieu de culture", un "lieu de pensée" dont "nous avons besoin". C'est pourquoi elle affirme que "la Ville de Lyon prendra ses responsabilités" en lui fournissant des aides financières et en sollicitant des partenariats avec d'autres acteurs culturels.

"On ne pourra donc jamais se substituer à la Région"

Mais "la Ville de Lyon ne se substituera pas à l'ensemble des baisses de la Région. C'est impossible pour nous, admet-elle. Le budget consacré par la Ville de Lyon à la culture est de 115 millions d'euros par an, en fonctionnement. Ça représente 1/5e du budget de la Ville de Lyon. On ne pourra donc jamais se substituer à la Région."

La Biennale d'art contemporain verra aussi son budget amputé de 40%. L'élue le regrette fortement et appelle à "ne pas réduire le programme", à ne pas être "dans une période de repli". Quant à l'opéra, il percevra désormais 2,1 millions d'euros, contre 2,6 précédemment, de la part de la Région.

Loin d'être convaincue par l'argumentaire du Conseil régional pour justifier ces baisses, Nathalie Perrin-Gilbert avance trois hypothèses.

"Se mettre enfin autour d'une table"

La première est que "M. Wauquiez est à côté de la plaque" et qu'il mise sur "des projets pharaoniques" comme le musée des tissus ou de la civilisation gauloise. Ce dernier, chiffré à 40 millions d'euros, sera uniquement financé avec les fonds de la Région.

La seconde est que "c'est la vision néolibérale qui s'applique", une posture selon laquelle "la culture n'est pas utile", ironise-t-elle. La troisième explication possible, poursuit l'élue, est financière. "La Région soi-disant la mieux gérée de France est-elle si bien gérée qu'elle est obligée d'aller rogner 350.000 euros ici, 200.000 euros là?"

Quoi qu'il en soit, Nathalie Perrin-Gilbert estime qu'il n'est pas encore trop tard pour discuter des orientations budgétaires avec Laurent Wauquiez, qu'elle appelle "à se mettre enfin autour d'une table".

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions