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Mort de Lisa tuée au Destop: l'ex-employée de People&Baby condamnée à 25 ans de réclusion criminelle

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Âgée de 11 mois au moment des faits, Lisa est morte le 22 juin 2022 à Lyon après avoir ingéré du Destop que lui avait donné une ex-employée de la crèche People&Baby. La mise en cause a été condamnée à 25 années de réclusion criminelle, ce jeudi 3 avril par la cour d'assises du Rhône.

Une ancienne employée de crèche People&Baby, âgée de 30 ans, a été reconnue coupable de faits de "tortures et barbarie" sur un bébé et a été condamnée à 25 ans de réclusion criminelle, ce jeudi 3 avril par la cour d'assises du Rhône, à l'issue de trois jours d'audience.

Lors du délibéré, la qualification de "meurtre sur mineur de moins de 15 ans" n'a finalement pas été retenue par le jury. Les faits ont été requalifiés d'actes "de torture et de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner".

Lisa, âgée de 11 mois au moment des faits, est morte le 22 juin 2022 après avoir ingéré un produit caustique de type Destop que lui avait donné l'ancienne employée d'une crèche lyonnaise. Ce produit avait brûlé les organes et les voies respiratoires de la victime.

"Ce que vous jugez, ce sont huit minutes. Huit minutes pendant lesquelles Myriam J. est seule avec Lisa. Huit minutes qui vont mener à une issue fatidique", a rappelé l'avocat général lors de ses réquisitions.

Myriam J. avait reconnu en garde à vue avoir voulu empoisonner le bébé parce qu'elle était "excédée par ses pleurs". La prévenue avait réitéré ses aveux lors de la première journée d'audience, ce mardi 1er avril. Cette dernière avait pourtant nié que l'acte soit volontaire.

Un produit ingéré de force

Une médecin légiste, appelée à la barre, a expliqué que la "mort violente" de l'enfant était "secondaire à une nécrose chimique à la suite d'une ingestion d'un liquide caustique de type acide". Un produit qui a été ingéré de force, souligne-t-elle.

"Il va falloir l’admettre, mais elle n’a pas les mêmes capacités que vous et moi. Elle est reconnue comme handicapée", a indiqué la défense. Lors de leurs plaidoiries, Me Julia Coppard et Me Maïlys Leduc ont soutenu que "Myriam J. n'aurait jamais dû se retrouver dans cette crèche", qu'elle n'aurait "jamais dû être employée" car elle "n'avait pas la capacité de s'occuper d'enfants".

Ajoutant: "Elle n’a pas agi par haine et vous devez seulement juger sur les certitudes. Les certitudes, ce sont les expertises."

Aucun trouble psychiatrique

"On est là pour débattre d'un acte monstrueux, commis par un monstre. Parler des crèches c'est un mauvais sujet", avait lancé ce mercredi la mère de la victime, vibrante d'émotion.

Selon le rapport de l'expertise pyschiatrique, la prévenue "reste en précarité sur le plan psychique". Si aucun trouble psychique ou psychiatrique n'a été relevé, il est évoqué un "retard mental, intellectuel, affectif".

Me Sidonie Leblanc, avocate de l'association L'enfant bleu, note, en se basant sur les déclarations de l'expert psychiatre, une "absence d'altération, absence de problèmes psychiatriques qui auraient pu expliquer" ce geste. Néanmoins, "elle continue de mentir. Elle ment pour se protéger, mais elle évite une prise en charge adéquate."

"Au bout de trois jours, on n'en sait pas plus"

"Quand on tient le cou de quelqu’un pour lui faire avaler de l’acide sulfurique je ne sais pas comment vous pouvez dire que ce n’est pas un acte volontaire", a lancé, de son côté, Me Catherine Bourgade, avocate des parents de la victime. "Celle qui doit donner des explications c'est Madame J., mais elle ne le fait pas."

L'avocate des parents de la victime a également regretté le manque de réponses apportées par la mise en cause. "Au bout de trois jours, on n'en sait pas plus."

"Aujourd'hui je suis là parce que j'ai tué quelqu'un, j'ai tué un bébé et c'est très grave. Au fond de mon cœur, je regrette et, tous les jours j'y pense et je n'ai pas voulu la tuer, ce n'était pas dans mon intérêt", a exprimé Myriam J. "J'aimerais tellement revenir en arrière, mais on ne peut pas. Donc, je tenais à m'excuser même si c'est impardonnable."

En début d'après-midi, le ministère public avait requis une condamnation de 30 ans de réclusion criminelle contre la mise en cause, jugeant que "toute autre qualification" retenue aurait été "importune". Me Leduc avait de son côté démandé que la cour requalifie les faits en "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Ce qui a finalement été retenu.

Le ministère public, lors de ses réquisitions, avait réclamé une peine assortie à une période de surêté des deux tiers ainsi que d'une interdiction définitive d'exercer toute activité professionnelle en lien avec l'aide à la personne.

La condamnation se conjugue d'une période de sûreté de la moitié de la peine ainsi qu'un suivi socio-judiciaire avec obligation de soins et d'une interdiction définitive d'exercer toute activité d'aide à la personne.

Maxime Cliet Ruzza, Romain Ethuin, Raphaël Blandamour, Lucie Nolorgues et Nicolas de Roucy avec Arthus Vaillant