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Lyon: des téléconsultations pour les consommateurs de protoxyde d'azote dans les HCL, une première en France

Des capsules de protoxyde d'azote, ou "gaz hilarant" en janvier 2019 à Lille (illustration)

Des capsules de protoxyde d'azote, ou "gaz hilarant" en janvier 2019 à Lille (illustration) - DENIS CHARLET © 2019 AFP

L'usage détourné du protoxyde d'azote, surnommé "gaz hilarant", ne cesse de croître chez les plus jeunes. Afin de mieux dépister et soigner les "consommateurs abusifs", les Hospices de Lyon ouvrent des créneaux de téléconsultation le mardi.

Les Hospices Civils de Lyon (HCL) veulent enrayer la propagation d'une drogue devenue régulière lors des soirées festives des moins de 25 ans. Ce mardi 12 novembre, dans un communiqué, les HCL annoncent l'ouverture de créneaux de téléconsultation pour les consommateurs de protoxyde d'azote.

"Malgré plusieurs campagnes de prévention nationales comme régionales, sa consommation ne semble pas se tarir", constatent les Hospices Civils de Lyon.

Quatre créneaux de téléconsultation de 30 minutes sont donc désormais ouverts chaque mardi, entre 15h30 et 17h30. La prise de rendez-vous peut se faire sur le site de l'hôpital ou par téléphone, au 04.72.11.78.52.

Dépister plus rapidement et plus efficacement

L'objectif est de "mieux dépister, et plus précocement, les consommateurs abusifs", afin de ne plus délaisser le "volet addictologique" de la pratique. Le projet est porté par le docteur Christophe Riou, addictologue spécialisé dans la prise en charge des patients victimes des effets du protoxyde d'azote. La téléconsultation pourra ensuite aboutir sur une prise en charge plus importante en présentiel.

"Beaucoup de personnes atteintes, la plupart très jeunes, ne font pas attention ou pensent que c'est rien. Et quand elles arrivent à nous, il est souvent trop tard. Avec la téléconsultation, notre but, c'est de cibler les consommateurs au stade infraclinique", explique le docteur Riou.

Depuis quelques années, l'usage détourné du protoxyde d'azote explose auprès des plus jeunes. Ce composé chimique, surnommé "gaz hilarant" par ses consommateurs, est vendu dans les épiceries, les grandes surfaces ou sur internet sous forme de cartouches.

Celles-ci sont prévues généralement pour un usage alimentaire, afin de faire fonctionner un siphon à chantilly par exemple. Mais le protoxyde d'azote dispose de propriétés hilarantes et euphorisantes, qui l'ont rendu populaire chez les adolescents et les jeunes adultes.

Ces derniers l'inhalent généralement "par le biais de ballons de baudruche". Ainsi, d'après une enquête menée en 2022 par Santé Publique France, 13,7% des 18-24 ans avouaient avoir déjà consommé du protoxyde d'azote dans leur vie. Un chiffre trois fois supérieur à l'ensemble des personnes interrogées (4,3%).

Le nombre de patients traités explose depuis 2019

De leur côté, les Hospices Civils de Lyon remarquent que "depuis 2019", le nombre de patients reçus pour un motif lié au protoxyde d'azote "a été multiplié par 20". Le communiqué cite plusieurs exemples parmi la trentaine de patients hospitalisés à l'hôpital Pierre Wertheimer depuis le début de l'année.

"Un jeune homme de 22 ans contraint de marcher avec des béquilles, un autre, âgé de 16 ans, atteint de troubles neurologiques sévères, une adolescente tellement accro au protoxyde d’azote qu’elle en consomme pendant son séjour en soins de suite et de réadaptation..." déplore le centre hospitalier.

Si les consommateurs recherchent un état d'euphorie et de "flottement" rapide, les conséquences peuvent en effet être dramatiques. Le produit peut ainsi provoquer une asphyxie, des brûlures, des vertiges ou des pertes de connaissances. En cas d'usage répété, de sévères troubles neurologiques, hématologiques, psychiatriques ou cardiaques et même une paralysie des membres peuvent également survenir.

Depuis le mois de juin 2021, la loi interdit la vente de protoxyde d'azote aux mineurs. Plus récemment, l'achat de cartouches a été limité à dix en une fois. Des dispositions insuffisantes pour les HCL, qui estiment qu'"un véritable marché continue de se développer, avec des produits marketés à destination des jeunes usagers".

"Même si le protoxyde d’azote n’a pas de traitement substitutif, il existe des solutions pour traiter les symptômes de manque. Mais le meilleur moyen d’éviter des dommages sérieux reste de stopper la consommation", conclut le docteur Christophe Riou dans le communiqué.

Mathias Fleury