Lyon: Bruno Bernard cible l'État, qui "se défausse sur les collectivités" sur les questions de sécurité

Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon - PHILIPPE DESMAZES / AFP
Bruno Bernard riposte. Visé par les propos du préfet, Pascal Mailhos, et de l'opposition sur la question de l'insécurité, en particulier dans le quartier de la Guillotière, le président de la métropole de Lyon a rejeté les accusations de laxisme dont il a fait l'objet, au même titre que le maire Grégory Doucet.
S'il reconnaît que les problèmes de cet ordre sont "trop nombreux" dans l'agglomération, Bruno Bernard soutient que "c'est l'État qui a la compétence de la police, de la justice, de la lutte contre les trafics de stupéfiants, de cigarettes. À côté de l'État, il y a les élus locaux, notamment les maires, avec les polices municipales qui accompagnent".
Alexandre Vincent à Rillieux-la-Pape, Hélène Geoffroy à Vaulx-en-Velin, Grégory Doucet à Lyon, Cédric van Styvendael à Villeurbanne, Jérémie Bréaud à Bron: "Tous mettent plus de moyens alors que c'est quand même la compétence de l'État, qui ne fait pas le nécessaire".
Le préfet est "sorti de son rôle"
"La façon qu'a l'État de se défausser sur les collectivités locales n'est pas à la hauteur des enjeux", a-t-il souligné, regrettant que Pascal Mailhos soit "sorti de son rôle".
Le préfet a comptabilisé 4000 interpellations dans le quartier de la Guillotière sur l'année écoulée, dont "40%" concernent des mineurs, non-accompagnés pour certains. Ces derniers doivent selon lui être pris en charge "toute la journée" par la métropole.
"D'après les informations dont je dispose, c'est qu'il y a d'abord beaucoup moins de mineurs que ce que dit le préfet qui sont arrêtés. C'est plutôt de l'ordre de 10% que de 40%", a tenu à rectifier Bruno Bernard sur notre antenne.
"Pas du ressort de la métropole"
"Les mineurs qui sont interpellés ne sont pas du ressort de la métropole pour la plupart", a-t-il martelé, assurant que c'est "à l'État et à la justice de faire du suivi judiciaire".
Et d'ajouter: "Nous avons actuellement 800 mineurs isolés à la métropole. C'est notre compétence (...) Sur ces 800, il y a 75 délinquants qui sont confiés par la justice. Et ce ne sont pas ceux qui sont à Gabriel-Péri".
"Beaucoup de ces mineurs viennent de pays comme la Guinée, la Côte d’Ivoire, etc, qui ne sont pas des pays où il y a des dangers pour eux, a déclaré Gérard Collomb mercredi, fustigeant la politique d'accueil de la métropole. C’est de l’immigration économique, pas au sens strict du droit d’asile."
Une vingtaine d'interpellations ce vendredi
Le président de la métropole juge les propos de l'ancien maire "démagogiques et pathétiques".
"M. Collomb, il a été en poste pendant 20 ans. Aujourd'hui, il nous dit qu'il faut ajouter des caméras de vidéosurveillance. Mais pourquoi ne l'a-t-il pas fait? M. Collomb a été ministre de l'Intérieur, ministre d'État. A-t-il augmenté les effectifs de police nationale sur Lyon? La réponse est non. Nous avons obtenu avec le maire de Lyon, les élus locaux, 300 policiers supplémentaires sur Lyon et l'agglomération. Ce que Gérard Collomb n'avait pas fait. (...) Il est le plus mal placé pour donner des leçons sur ces sujets."
Une opération de police a été organisée ce vendredi dans le quartier de la Guillotière en présence du préfet, du maire et du procureur. 130 policiers ont été mobilisés. Ils ont procédé à une vingtaine d'interpellations.
Certains riverains s'en sont satisfait et ont appelé à une présence policière permanente aux abords de la place Gabriel-Péri. Bruno Bernard s'y est dit "favorable, si c'est possible". Mais Fanny Dubot, maire du 7e, expliquait sur notre antenne cette semaine que cela était impossible du fait de la réglementation vigipirate.
Un travail commun
Plus largement, Bruno Bernard a affirmé que les questions de sécurité ne se cantonnaient pas au quartier de la Guillotière. "On a des problèmes de délinquance à de nombreux endroits sur la métropole de Lyon. Nous avons besoin des forces de l'ordre de partout", estime-t-il.
À son échelle, la métropole peut s'impliquer en favorisant un aménagement ou un renouvellement urbain permettant de réduire les risques, et en usant de la prévention à travers des éducateurs. Mais il en appelle également à Laurent Wauquier: "La première compétence de la région, c'est la formation. Tous les maires me disent qu'ils n'arrivent pas à recruter de policiers municipaux".
La lutte contre l'insécurité, selon Bruno Bernard, passera par un travail commun entre ces différentes entités.