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Des "Noces Funèbres" à "Mercredi": comment Tim Burton est devenu le roi d’Halloween

Tim Burton, le 4 décembre 2017 à Mexico lors de la présentation pour l'exposition "The World of Tim Burton".

Tim Burton, le 4 décembre 2017 à Mexico lors de la présentation pour l'exposition "The World of Tim Burton". - PEDRO PARDO / AFP

Le cinéaste américain est mis à l'honneur ce vendredi à Lyon. Il va recevoir le prix Lumière pour célébrer l'ensemble de son œuvre, qui a toujours été définie par un style très reconnaissable et surtout, en accord avec Halloween.

Tim Burton est l’un de ces réalisateurs dont le style se reconnaît en un clin d'œil. De Beetlejuice à Charlie et la Chocolaterie, en passant par Edward aux mains d’argent, Dark Shadows ou encore Les Noces Funèbres: la "patte Burton" est devenue au fil des années, une esthétique bien particulière qui a fait la renommée de son créateur.

Cet "univers d’une cohérence rare et d’un impact esthétique sans précédent dans la culture populaire" est célébré dans le cadre du festival Lumière, qui a commencé le 15 octobre à Lyon. Les organisateurs ont décerné le 14e Prix Lumière à Tim Burton, pour récompenser l'ensemble de son œuvre. L’Américain sera présent le 21 octobre pour la cérémonie ainsi qu’une rencontre.

Une reconnaissance qui tombe à pic, en plein mois d’octobre, alors que la "fête" qui a tant inspiré le cinéaste arrive à grands pas. Car en créant des univers remplis de personnages excentriques, exclus de la société, parfois morts ou encore monstrueux, Tim Burton est devenu une référence pour la période d’Halloween.

Ses films sont désormais des incontournables et ses personnages, des costumes à ressortir tous les ans pour aller chercher des bonbons au porte-à-porte.

Un goût pour le macabre

Des œuvres halloweenesques certes, mais qui ne sont pas gores, à l’instar d'autres classiques d'Halloween comme Destination Finale ou Saw. Les films de Burton sont aussi loin des slashers (la saga Scream), l’Américain s’intéresse au macabre qui définit traditionnellement Halloween mais le rend approprié pour toute la famille, trouvant même une certaine beauté dans l’étrange et la mort.

Ce goût pour les monstres, il l'a développé depuis son plus jeune âge, malgré une enfance dans la ville ensoleillé de Burbank en Californie. Le jeune Tim Burton a été vite fasciné par Edgar Allan Poe et les cimetières, mais aussi biberonné aux films d'horreur des studios Hammer (L'Empreinte de Frankentein, Le Cauchemar de Dracula) dont l'influence se ressent dans sa filmographie.

"Tous ces trucs d'amour, de vie et de mort, ça mijote depuis le début", expliquait-il au Guardian en 2012. Dans ce portrait, le réalisateur posait même à côté de fausses pierres tombales, présentes dans son jardin de l'époque.

Entre monstres et histoires d'amour

Les films de Burton ne sont jamais sanglants mais laissent plutôt planer l’impression que la situation pourrait le devenir. La seule œuvre vraiment violente de sa filmographie reste Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street, une comédie musicale sur un diabolique barbier dont le passe-temps est de couper les gorges de ses clients. Et encore, le tout est fait en chanson.

Ses autres films ont un aspect lumineux en plus du morbide, comme le prouvent les décors colorés de Charlie à la chocolaterie, les costumes excentriques de Michael Keaton dans Beetlejuice ou les champs de jonquilles de Big Fish. Plus que les décors, les scénarios comportent eux aussi toujours une note d'espoir.

Dans L’Etrange Noël de Monsieur Jack (réalisé par Henry Selick mais dont Burton a inventé les personnages), le roi des citrouilles décide d’importer Noël dans la ville d’Halloween avec plus ou moins de succès. Edward aux mains d’argent est une histoire d’amour encore une jeune femme ordinaire (Winona Ryder) et un homme avec des lames de métal à la place des doigts (Johnny Depp).

Ajoutons à cela: le couple formé par un humain et un squelette des Noces Funèbres, les vampires de Dark Shadows, les contes tels Dumbo ou Alice au Pays des merveilles, les marginaux de Miss Peregrine et les Enfants Particuliers ou le torturé et héroïque Bruce Wayne dans Batman et Batman, le défi.

Une fête pour les marginaux

La plupart des œuvres de Burton ont deux niveaux de lecture: un premier plus adapté aux enfants et le deuxième, compréhensif par les adultes. Derrière ces univers remplis de monstres ou d’étrangeté, se cachent des thématiques plus sérieuses comme la dépression, l’isolement, ou la solitude. Tous ces sujets tiennent à cœur au réalisateur qui, comme ses personnages, s'est souvent senti "à part".

Au Daily Beast, pour la sortie de Big Eyes en 2014, il affirmait sur sa ville natale: "Je me suis toujours sentie très mal à l'aise, comme un étranger".

Avant d'ajouter: "J'ai toujours aimé les films de monstres, car je m'identifiais au monstre et me sentais en phase avec lui. Donc cette époque, et le fait de grandir dans cet environnement, m'ont lié à ces films."

Il n'est alors pas étonnant que les films de Burton rentrent si bien dans la période d'Halloween, une fête qui s'est démocratisée aussi bien chez les enfants que ceux considérés comme marginaux.

Le réalisateur va continuer à s'intéresser à ce genre de personnage dans son prochain projet, sa première série Mercredi, dont la sortie est prévue le 23 novembre prochaine sur Netflix. Portée par Jenna Ortega et inspirée par La Famille Addams, Mercredi va suivre le personnage du même nom alors qu'elle entre à l'université et tente de résoudre une série de meurtres. Les premières bandes-annonces promettent une ambiance macabre, comme Tim Burton les aime tant.

Marine Langlois