Pour vivre dans une maison, les Français sont prêts à sacrifier un peu de terrain
Les Français rêvent de vivre dans une maison. Ils sont en effet 8 sur 10 a préférer ce type d'habitat à l'appartement selon un sondage* de la Fédération française des constructeurs de maisons individuelles (FFC). Et cette préférence s'observe dans les chiffres des ventes de logements.
Alors que la construction de logements neufs est globalement en déclin depuis 20 ans, la maison individuelle tire son épingle du jeu. Post-confinements, les Français se ruent sur la maison individuelle, dans le neuf comme dans l'ancien, afin d'avoir plus d'espace et surtout un jardin. La demande a fortement progressé après un changement de paradigme (notamment avec l'adoption du télétravail qui permet de s'éloigner des zones trop denses) et les projets de construction s'envolent.
Selon les données gouvernementales sur la production de logements, on observe une hausse de 26,3% sur un an des autorisations de logements individuels en 2021 pour un total de 157.900 projets de maisons individuelles (hors programmes groupés), avec une hausse des mises en chantier de 16,4% par rapport à 2020 (pour atteindre 124.900 unités).
Face à cette forte demande, les prix augmentent. Selon les dernières données disponibles du gouvernement, le prix moyen du mètre carré de terrain acheté en vue d'y construire une maison avait augmenté de 3,7% entre 2019 et 2020 pour atteindre 91 euros. Le prix moyen du terrain acheté avait de son côté un peu moins progressé (+2,5% pour une moyenne de 84.100 euros) car la surface achetée avait baissé (-1,2% à 924 m2 en moyenne). De son côté, le prix de construction de la maison était également en progression (+3,8 % en 2020 -après déjà +2,4% en 2019- à 183.300 euros pour une surface de plancher moyenne de 120 m²). Résultat, "pour les terrains achetés en 2020, l’investissement total (maison et terrain) s’élève en moyenne à 261.700 euros, en hausse de 3,2% par rapport à 2019", note le ministère de la Transition écologique.
D'ailleurs, les prix devraient encore grimper d'un cran en raison de l'entrée en vigueur en début d'année de la nouvelle réglementation environnementale (RE2020) pour tous les nouveaux permis de construire. Les professionnels du bâtiment estiment cette hausse des coûts de construction à 10% à court terme.
Des terrains à bâtir plus chers et plus petits
Bref tout a eu tendance à augmenter, sauf la surface des terrains achetés. Et ces tendances s'inscrivent dans le temps puisque les notaires de France ont étudié l'évolution des ventes des terrains à bâtir entre 2000 et 2018. "Les prix augmentent davantage sur le foncier, notamment avant 2010. Par rapport à 2000, les prix ont presque triplé sur le foncier et doublé sur le bâti ancien", précise une analyse détaillée publiée en avril 2020. Et au fil des années la surface des terrains a été grignotée...
"La superficie médiane des terrains vendus en France métropolitaine (hors Ile-de-France) a perdu approximativement 300m² entre 2000 et 2018, passant d’environ 1.000m² à 700 m². Alors que les terrains de moins de 600 m2 représentaient 9% des ventes en 2000, ils sont devenus majoritaires depuis 2012, avec plus de 40% de parts de marché en 2018. Par opposition, les parcelles de plus de 1.500 m2 sont passées de 30% à 15% des ventes", constatent les notaires.
Les épineux sujets liés à la construction de logements
Le rêve de maisons a des conséquences: raréfaction du foncier, artificialisation des sols... et ne correspond pas toujours à l'orientation souhaitée par le gouvernement. La ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, avait provoqué un tollé pour ses propos sur la maison individuelle qu'elle avait décrite comme "un non-sens écologique, économique et social" lors d'un discours qui clôturait l'opération "Habiter la France de demain".
"Les orientations suivies actuellement sont aux antipodes des attentes de nos concitoyens qui se projettent dans plus d’espace, plus de vert tout en ayant une réelle conscience écologique", estime au contraire Damien Hereng Président de la FFC.
Le sondage éclaire sur les aspirations des Français en matière de logement, mais aussi sur les sacrifices qu'ils sont prêts à consentir pour accéder à l'habitat rêvé. "Dans l'optique de réduire l'étalement urbain et préserver les espaces naturels, les personnes interrogées soutiendraient certaines actions des pouvoirs publics et notamment l'encouragement à la construction de maisons sur des petits terrains (71%)", précise l'étude. Des terrains encore plus petits, mais pas forcément de mitoyenneté qui divise les sondés (50/50).
"La politique du logement doit être celle de tous les Français et doit leur laisser la liberté de choisir la forme d’habitat qui leur convient. La maison individuelle peut en outre conjuguer largement accession à la propriété pour tous, qualité de vie et vitalité des territoires. Nous sommes en capacité de construire des maisons sur des terrains bien plus réduits et contribuer largement à l’objectif de diviser par deux d’ici 2030 l’artificialisation des sols", explique le président de la fédération des constructeurs de maisons. Reste que l'artificalisation des sols, qui participe au changement climatique, est dans le collimateur des autorités et que le foncier constructible risque de devenir de plus en plus rare. Et donc de plus en plus cher.

*Sondage réalisé par l'IFOP pour la FFC par questionnaire en ligne du 19 au 20 janvier 2022 sur un échantillon de 1.007 personnes