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Tourcoing: une enseignante frappée par une élève, à qui elle avait demandé d’enlever son voile

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Une enseignante a été agressée par une élève, ce lundi 7 octobre, au lycée Sévigné à Tourcoing (Nord). Selon la ministre de l'Éducation, la professeure a été "molestée violemment" alors qu'elle avait demandé à la lycéenne d'enlever son voile au sein de l'établissement. Une plainte a été déposée et l'élève a été interpellée.

Une enseignante du lycée Sévigné à Tourcoing (Nord) a été agressée par une élève. Les faits se sont déroulés ce lundi 7 octobre, a appris BFMTV, confirmant une information du JDD. Une enquête a été ouverte, indique le parquet de Lille dans un communiqué.

L'altercation a éclaté à 16h40 entre une élève et une enseignante du lycée Sévigné. Selon plusieurs sources à BFMTV, une enseignante revenait d'une sortie scolaire. En rentrant dans le lycée, elle croise trois élèves voilées qui sortaient des sanitaires et empruntaient le couloir menant vers la cour. Deux des jeunes filles retirent leur voile à la demande de l'enseignante, mais la troisième conteste vivement, expliquant qu'elle s'apprête à sortir de l'établissement.

La professeure lui demande alors de se calmer et d'obéir. L'élève continuant son chemin dans la cour, l'enseignante la rattrape et lui rappelle la loi à savoir l'interdiction de porter des signes religieux ostentatoires. L'élève aurait poussé la professeure pour continuer son chemin.

"Molestée violemment"

Un échange très vif a suivi, l'enseignante expliquant que la jeune fille a eu des propos agressifs, insultants et a refusé de donner son nom. La jeune fille a alors pris le bras de la professeure puis l'a giflée. L'enseignante lui a retourné sa gifle "dans une sorte de réflexe".

La jeune fille a alors poussé violemment la professeure contre le mur. La professeure aurait reçu des coups de pieds et des gifles devant une vingtaine d'élèves. L'enseignante appelle la police après que la jeune fille se soit enfuie.

De premiers éléments corroborés par plusieurs sources policières. Selon celles-ci, l'élève a bousculé l'enseignante et lui a porté une gifle. Selon une autre source policière, l'enseignante a également porté une gifle dans la foulée. Le père de la jeune fille affirme en revanche que c’est l’enseignante qui a donné le premier coup et que la jeune fille s’est défendue. Dans son communiqué, le parquet évoque des "coups, menaces et bousculades".

Interpellée à l'Assemblée nationale sur cette agression, la ministre de l'Éducation nationale, Anne Genetet a indiqué que l'enseignante avait été "molestée violemment par une élève". "Cette enseignante n'avait fait que lui rappeler une évidence: pas de voile, pas de signe religieux ostensible à l'école", a ajouté la ministre.

Une plainte déposée, l'élève interpellée

La jeune fille, majeure, a été interpellée lundi en fin de journée et placée en garde à vue. Une garde à vue qui a été prolongée, précise le parquet ce mardi soir. De son côté, l'enseignante a porté plainte.

Sur le réseau social X, la ministre de l'Éducation a indiqué dans l'après-midi qu'une "mesure conservatoire a d'ores et déjà été prise à l'encontre de l'élève en cause pour lui interdire l'accès à l'établissement jusqu'à réunion du conseil de discipline".

La ministre précise qu'elle a demandé "à ce que des sanctions disciplinaires très fermes soient prononcées compte tenu de la gravité des faits". "Toute atteinte à l'intégrité physique des professeurs sera sévèrement sanctionnée", ajoute encore Anne Genetet qui adresse son "soutien à la professeure ainsi qu'à l'ensemble de la communauté éducative".

"Frapper un professeur, c'est frapper la République"

Devant les députés à l'Assemblée nationale, la ministre a réitéré son message de fermeté. "Je n'accepterai jamais que l'on porte atteinte à l'intégrité physique d'un professeur. Menacer un professeur, c'est menacer la République. Frapper un professeur, c'est frapper la République"

Comme l'a appris BFMTV, Anne Genetet a par ailleurs appelé l'enseignante, qui est aujourd'hui en arrêt pour l'assurer de son soutien. Elle appellera aussi les professeurs. Elle a demandé à ce que des sanctions disciplinaires très fermes soient prononcées compte tenu de la gravité des faits. 

Selon nos informations, l'enseignante a également reçu le soutien de sa hiérarchie. Elle devrait bénéficier de la protection fonctionnelle. Très vite la proviseure a décidé de banaliser la journée du lendemain, afin de la consacrer à des échanges entre les professeurs et la direction. 

L'élève a été interdite d'accès à l'établissement, en attendant son conseil de discipline. L'établissement fait en effet face à des problèmes de violences, mais aussi d'atteintes à la laïcité. L'élève en question avait déjà été convoquée pour des atteintes à la laïcité. Une équipe mobile de sécurité a été déployée sur place dès ce matin par le rectorat.

"Inadmissible et grave"

Plusieurs élus de la région Hauts-de-France ont réagi à cette agression. Xavier Bertrand, président de la région, a apporté "tout" son soutien à l'enseignante. "La laïcité est un des piliers de l'école de la République, elle ne se négocie pas. Ne cédons rien", écrit-il, sur son compte X.

De son côté, l'ancien ministre de l'Intérieur et actuel député du Nord, Gérald Darmanin indique que "tout le monde doit soutenir nos enseignants et condamner cette violence contre la République elle-même".

La députée du Nord Violette Spillebout parle d'une agression "inadmissible et grave".

"Je veux dire tout mon soutien aux enseignants qui ne font que faire respecter la laïcité dans notre République française", insiste-t-elle.

Véronique Fèvre, Matthias Tesson avec Solenne Bertrand