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"Sept années de souffrance": premier jour du procès des maltraitances contre des enfants placés du Nord

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Entre 2010 et 2017, une vingtaine d'enfants ont été placés par l'aide sociale à l'enfance du Nord dans des familles qui ne disposaient pas d'agrément. Alors que le procès des 18 prévenus s'est ouvert lundi, les avocats des parties civiles veulent dénoncer la lenteur de la justice.

Coup de poing, strangulation, travail forcé... Cinq jeunes vont pouvoir raconter le calvaire qu'ils ont enduré de 2010 à 2017 dans leur famille d'accueil. Ce lundi 14 octobre, le procès de 18 personnes s'est ouvert à Châteauroux (Indre) pour des maltraitances sur des enfants placés.

Entre 2010 et 2017, ces enfants ont été placés par l'aide sociale à l'enfance (ASE) du Nord dans des familles qui ne disposaient pas d'agrément. Une vingtaine d'entre eux ont témoigné de violences graves et répétées -coup de poing, coup de pied, de cravache, des strangulations, surdosage de médicaments pendant des années-, le plus souvent réalisées par deux hommes.

"Être reconnu, écouté"

Ce lundi pour le premier jour du procès, cinq ont fait le déplacement au tribunal correctionnel de Châteauroux. Parmi eux, Mathias, placé dans une famille sans agrément en 2017. Avec ce procès, il espère être "reconnu, écouté, compris". "

"On est tous content d'être ici. Pour nous tous les jeunes, ça nous fait du bien. (...) Ça va nous apporter du bonheur et force à nous. Beaucoup de jeunes, on n'a pas de nouvelles d'eux. Il y a une soixantaine de jeunes connus et on est cinq", ajoute-t-il auprès de BFMTV.

Être écouté donc, mais aussi dénoncer la lenteur de la justice dans ce dossier, comme le précise Jean Sannier, avocat de la partie civile. "Comment peut-on lorsque l'on a 7, 8, 9, 10 ans, comprendre qu'il faut attendre d'avoir 15, 16 ou 23 ans pour qu'enfin la justice daigne se tourner vers votre dossier?", dénonce l'avocat.

Avant d'ajouter: "C'est sept années de souffrance, d'attente que nous voulons aujourd'hui dénoncer. Le temps est venu de la justice, mais peut-on vraiment parler de justice?"

Quatre jours de procès

En tout, 18 personnes sont sur le banc des prévenus (19 étaient renvoyées mais l'une d'elles est décédée pendant la procédure). Parmi les accusés, deux hommes sont les principaux auteurs des violences, Julien M. et Bruno C.

Mais beaucoup s'interrogent sur l'absence de poursuites contre l'ASE du Nord, qui a continué son partenariat avec des personnes n'ayant pas d'agréments, malgré de nombreux signalements.

"On aurait souhaité que l'ASE soit là pour s'exprimer mais elle n'est pas là, elle n'est pas là depuis le début", regrette Myriam Guedh-Benayoun, avocate de victimes.

Le procès doit durer quatre jours.

Marine Langlois