Sécheresse dans le Nord: les bienfaits de l'irrigation pour certains agriculteurs

Après la "vigilance sécheresse" imposée dans le Nord et le Pas-de-Calais en raison d'un déficit de pluie, les agriculteurs voient leurs récoltes durement touchées. Ils s'en remettent parfois à l'irrigation.
Pour Sébastien, producteur d'endives à Beuvry-la-Forêt, le constat est sans appel. "C'est très très sec. Il n'y a rien à faire de bon pour l'instant, tant qu'il ne pleut pas", dit-il à BFM Grand Lille.
Entre mars et mai de cette année, huit fois moins de pluie a été enregistrée par rapport à l'année dernière. Sébastien se retrouve dans l'impasse. Il est déjà en retard pour semer.
"Si vous semez actuellement des graines d'endives, il n'y a rien qui va bouger. C'est comme si elles étaient dans leur sac, on va dire", avance-t-il.
"On est tributaire de la nature, on le sait, mais on est en train d'en subir les conséquences quand on n'est pas équipé d'irrigation", ajoute le producteur.
L'irrigation en progression dans la région
Irriguer dès le mois de mai est inédit pour les agriculteurs nordistes. À Carnin, Adrien Mastain, agriculteur, a investi dans ce système.
"Depuis 2020, on est à peu près entre 40 et 50.000 euros sur la table tous les ans sur notre réseau d'irrigation, que ce soit en termes de pompe, de forage d'enrouleur, tout ça, pour assurer le coup en fonction de nos surfaces de légumes", détaille le producteur.
Sans l'irrigation, il serait cette année sous le seuil de rentabilité pour sa production de salades et de poireaux.
Aujourd'hui, l'irrigation reste marginale dans la région des Hauts-de-France, mais en progression: 4% des terres l'étaient en 2020, contre 0.7% en 1988. Ce système pourrait devenir indispensable face au changement climatique.
"En mai 2025, nous sommes à des valeurs de sécheresse du sol qui correspondent à ce que l'on a au pire de l'été", indique Bruno Jacquemin, directeur adjoint de Météo France Nord.
"On sait que les couches de réserve utile pour l'activité agricole vont être malmenées", ajoute-t-il, citant "beaucoup moins de ressources en eau".
Selon le spécialiste, on frôle des records depuis 65 ans en matière d'humidité superficielle des sols.