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Pas-de-Calais: à Montigny-en-Gohelle, une famille vit sans portes ni fenêtres en plein hiver

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Le vendredi 20 décembre, des ouvriers ont pris les fenêtres et les portes, avançant un remplacement, mais ne sont jamais revenus. Les locataires soupçonnent un coup du propriétaire pour les faire quitter le logement.

À Montigny-en-Gohelle, dans le Pas-de-Calais, une famille n'a plus de portes, ni de fenêtres. Sous prétexte de travaux d'isolation, le propriétaire a envoyé des ouvriers les récupérer, le vendredi 20 décembre, mais ne sont jamais venus les remplacer.

Alors depuis, cette famille a installé des cartons, de vieilles taules et garde les volets baissés pour limiter les courants d'air. La fille de 19 ans est partie vivre chez une amie. "Pour celle de 13 ans, on a mis un matelas à côté de nous et on met le chauffage dans une seule chambre, pour être sûrs que ça ne disjoncte pas", raconte Nathalie Lemaire, la mère de famille, à France 2.

Durant la journée, elle reste proche de sa télévision, à l'intérieur. Elle ne peut plus quitter son logement de peur d'être cambriolée, puisqu'elle ne peut plus verrouiller sa maison.

"Comment on peut laisser une famille comme ça en plein hiver? Comment on peut faire ça tout simplement, c'est inhumain?", se questionne la locataire.

Une pratique illégale

Pour cette famille, l'explication est toute trouvée: le propriétaire cherche à les faire quitter la maison. Et il ne nie pas. Contacté par France 2, il se justifie: "On s'était mis d'accord ensemble pour qu'elle paye, elle me doit cinq mois de loyer qu'elle n'a pas payé, donc les ouvriers sont repartis."

Une pratique qui est, quelle que soit la situation, illégale. D'autant plus qu'aucune expulsion n'est autorisée durant la trêve hivernale qui prendra fin le 31 mars. Mais selon la locataire, elle paie bien son loyer.

"Ce monsieur a profité de la situation de précarité de cette dame pour lui exiger de payer les loyers en liquide", explique Corentin Desfontaines, membre de l'association Droit au logement de Lille, à BFM Grand Lille.

Et d'ajouter: "Il ne lui fournit aucun reçu, aucune quittance", avançant que cette famille ne savait pas qu'elle se mettait en danger avec ce moyen de paiement sans traces.

"Elle a peur de son propriétaire"

L'association Droit au logement vient en aide à cette famille en leur proposant une aide juridictionnelle. Ils essayent notamment de prouver le paiement des loyers par la preuve de retraits très importants en début de mois.

L'objectif pour eux est également de "mettre en avant le fait que ce monsieur n'a jamais envoyé de SMS, n'a jamais mis en demeure cette dame de payer, puisqu'a priori elle paye, donc c'est un menteur".

Une plainte a été déposée par la locataire, une entrevue s'est déroulée avec le maire de la ville. Un rendez-vous est également fixé à lundi 6 janvier, avec un avocat de Béthune, pour lancer une procédure en référé.

"Dans un premier temps, ce qu'on exige de la part du propriétaire et avec le concours du maire, c'est la réinstallation des portes et des fenêtres dans les plus brefs délais", avance Corentin Desfontaines.

Cette famille est installée dans le logement depuis le mois de juin 2024, mais souhaite partir au plus vite. Ils sont en attente d'un logement social. "Elle a peur de son propriétaire", explique ce membre de l'association Droit au logement de Lille. "Ce monsieur est ce qu'on pourrait qualifier de propriétaire voyou."

Maïwenn Furic