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"Les exploitations sont en péril": à Lille, les endives menacées par la crise énergétique

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La crise énergétique touche de plein fouet les producteurs d'endives, qui craignent de mettre la clé sous la porte. Ils s'attendent à des factures d'énergie trois fois plus importantes qu'aujourd'hui.

La crise énergétique étrangle la production d'endives dans la région lilloise. Alors que les récoltes sont attendues d'ici quelques semaines, l'inquiétude monte au coeur de la profession. Les cultivateurs d'endives craignent de voir leurs factures d'énergie se multiplier par trois d'ici les prochains mois.

Des dépenses trois fois plus importantes

À Bouvines, près de Lille, Emmanuel Lefebvre cultive ses endives depuis près de 32 ans. Aujourd'hui, sa production est vendue dans toute la France et pour pouvoir tenir le rythme, il conserve ses légumes dans des hangars réfrigérés.

Pourtant, avec la crise énergétique, il sera bientôt impossible pour Emmanuel de continuer à utiliser ses lieux, bien trop énergivores. Il y conserve les racines des endives, figées dans la glace dans des cagettes en bois. "Pour avoir ce résultat-là, il faut forcément consommer de l'énergie", explique-t-il sur BFM Grand Lille.

Le producteur craint désormais pour l'avenir de son entreprise. "La conservation des racines, c'est à peu près 80% de nos dépenses énergétiques. De 220.000 euros, je vais passer à 700.000 euros. Sachant qu'il y a trente personnes qui travaillent ici, je ne sais pas comment on va faire."

La crise énergétique touche de plein fouet ce secteur, qui a besoin de stabilité sur plusieurs années. "On a besoin d'avoir une vision de l'énergie, pas à trois mois mais à un an minimum pour savoir s'il faut semer", précise Christophe Mazingarbe, co-gérant d'une endiverie à Sainghin en Mélantois. "On a besoin d'aide dès maintenant, et surtout on a besoin d'avoir un prix défini, qui soit fixe", demande le producteur.

La totalité des producteurs en danger

Pour le moment, aucune solution ne se démarque pour rassurer les endiviers, alors qu'ils sont déjà des dizaines à se considérer en danger dans la région. Pour Stéphane Baudin, commercial chez En'Diva, "toutes les exploitations sont donc en péril".

"Demain, c'est peut-être une partie voire la totalité de la production qui pourrait s'arrêter dans la région, sachant que les Hauts-de-France regroupent 90% de la production nationale d'endives", alerte-t-il.

Si la situation n'évolue pas d'ici la fin de l'année, certains producteurs ont décidé d'abandonner leurs récoltes cet automne.

Clément Polyn et Juliette Moreau Alvarez