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"Vous allez couper les jambes de nos entreprises": Attal attaque la préférence nationale vantée par Bardella

Gabriel Attal et Jordan Bardella sur France 2 le 23 mai 2024.

Gabriel Attal et Jordan Bardella sur France 2 le 23 mai 2024. - Thomas Samson / Pool

Lors du débat entre Gabriel Attal et Jordan Bardella, le premier sujet d'affrontement a porté sur le patriotisme économique, façon de lutter contre les dérives du marché unique et de protéger l'économie française.

"Passer du libre-échange au juste échange". Au cours du débat qui l'opposait au Premier ministre Gabriel Attal ce jeudi 23 mai, Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement National (RN) pour les élections européennes, est revenu sur le fonctionnement du marché unique. Affirmant que la France est bien en-deçà des États-Unis en terme de niveau de richesse, que le PIB par habitant serait "comparable à celui du Mississippi" et qu'elle connaît une croissance atone, Jordan Bardella a appelé à la "fin de la naïveté".

Plusieurs pilliers à cette stratégie, selon lui: réserver la commande publique aux entreprises qui opèrent en France. Relever les droits de douane pour ne pas subir une concurrence faussée, notamment chinoise. Et enfin revoir les accords de libre-échange.

Le président du Rassemblement national a défendu la priorité nationale en citant "toutes les grandes puissances du monde" qui "protègent leur économie et leurs industries". Selon lui, il faudrait ainsi réserver les marchés publics aux entreprises françaises. Il a pris en exemple la restauration collective où 75% du boeuf consommé serait importé.

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"Pas de tabou" sur le relèvement des droits de douane

Une position clairement attaquée par Gabriel Attal. Le Premier ministre a argué que mettre en oeuvre la priorité nationale dans la commande publique reviendrait à "couper les jambes de nos entreprises". Cela entraînerait un effet miroir de la part des autres pays européens qui réserveraient à leur tour leurs marchés à leurs entreprises nationales. Empêchant ainsi la France d'accéder à un marché de 450 milions de consommateurs.

Gabriel Attal a cité l'exemple de l'Allemagne où un appel d'offres de trains a conduit à retenir Alstom. Ou encore un marché de l'éclairage public en Espagne où l'enteprise retenue était localisée en Gironde. À ces objections, le président du Rassemblement national a objecté que la majorité "ne faisait pas confiance au savoir-faire français".

Sur les droits de douane, les positions étaient plus similaires. Si le RN plaide pour un relèvement des droits de douane -"Quand une industrie est menacée, en souffrance, il faut remettre des droits de douane face aux autres pays européens"-, le Premier ministre, représentant de la liste menée par Valérie Hayer a observé que la position européenne n'était pas fermée à un relèvement des droits de douane. "Il n'y a pas de tabou", a t-il avancé.

À Jordan Bardella, critique des accords de libre-échange de la zone UE avec les autres régions du monde, Gabriel Attal a objecté que le gouvernement s'était opposé au Mercosur. Et que le CETA , accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada avait permis de tripler l'excédent commercial.

Marine Landau