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Volkswagen teste un transport urbain moins cher que le taxi et plus confortable que le bus

Des centaines de minibus comme celui-ci rouleront dès avril dans les rues de Hambourg, opérés par Moia, la filiale mobilité de VW.

Des centaines de minibus comme celui-ci rouleront dès avril dans les rues de Hambourg, opérés par Moia, la filiale mobilité de VW. - MOIA

La filiale du groupe automobile dédiée à la mobilité, Moia, veut réinventer les déplacements urbains. Avec une impressionnante flotte de minibus électriques permettant de se déplacer à la demande. Sa ville test: Hambourg.

Dans le groupe Volkswagen se trouvent douze marques de voitures, motos, camions et une treizième griffe, dédiée à l’autopartage. Son nom: Moia. Cette année, cet Uber made in Germany va développer ses services outre-Rhin, concurrençant ainsi les taxis, les transports en commun, mais aussi sa maison-mère, Volkswagen elle-même.

Le voyage coûtera en moyenne entre 6 et 7 euros

Dès avril 2019, une centaine de mini-bus dorés seront mis en service à Hambourg, la deuxième ville d'Allemagne. Via une application, les usagers commanderont leur trajet en renseignant points de départ et d’arrivée. L’algorithme de l’application regroupera alors les passagers par destination. Le but est d’optimiser le nombre de passagers et les trajets pour chaque véhicule, afin d’éviter tout détour, et donc perte de temps et d’argent.

Les utilisateurs partageront donc forcément le mini-bus avec d’autres passagers, ce qui permettra de partager aussi le coût du trajet. Selon le quotidien Handelsblatt, pour une moyenne de 6 kilomètres, le voyage coûtera entre 6 et 7 euros. Deux fois plus cher qu’un ticket de bus, mais deux fois onéreux qu’un trajet équivalent en taxi à Hambourg. Trois places à l’arrière, des places individuelles au milieu, au total, six passagers pourront en même temps partager le bus. Un espace à l’avant est spécialement dédié aux bagages, comme dans les célèbres taxis "Black Cab" de Londres.

Un véhicule conçu dès l'origine pour l'autopartage

Volkswagen a dès le départ imaginé ce véhicule pour de l’autopartage, d’où le choix d’un bus plutôt que d’une berline comme dans les services classiques de VTC. Wi-Fi, prises électriques, le mini-bus a été spécialement conçu pour un service d’auto-partage. 100% électrique dans la ville d’Hambourg, il se recharge à 80% en 30 minutes, pour une autonomie totale de 300 kilomètres.

D’une centaine au départ, Volkswagen compte ensuite rapidement passer à 500 véhicules dans l’agglomération de Hambourg qui compte 1;8 million d'habitants.

Six personnes peuvent voyager en même temps dans les minibus Moia.
Six personnes peuvent voyager en même temps dans les minibus Moia. © Moia

Aller plus loin qu’Uber et consorts

Avec Moia, Volkswagen veut maîtriser toute la chaîne de valeur de la mobilité. Il conçoit les véhicules, l’application, et opère lui-même le service. Après plusieurs mois de tests à Hanovre, avec des clients bêta-testeurs, Hambourg sera un terrain d’essai grandeur nature, avec des clients lambda. Volkswagen veut être prêt pour un congrès sur la mobilité organisé dans la ville du nord en 2021.

"Autopartage, covoiturage, VTC, personne ne sait quelle forme de mobilité sera profitable demain. Par ailleurs, les grands constructeurs font beaucoup d’annonces, de communication sur ces sujets, explique Flavien Neuvy, président de l’Observatoire Cetelem de la Mobilité. Le projet de Volkswagen est intéressant, car il sort des sentiers battus. Entre se faire soi-même concurrence, avec son propre système de mobilité, ou laisser d’autre le faire, mieux vaut s’ubériser soi-même. Les constructeurs ont vu ce qui s'est passé dans l'aérien avec l'arrivée des compagnies low-cost. Ils n'ont pas envie que la même chose arrive dans leur secteur".

Si demain à Hambourg, les mini-bus auront des chauffeurs, par la suite ils pourront être autonomes. "Moia prévoit de mobiliser toutes les forces, et capacités du Groupe Volkswagen, et d’utiliser toutes les nouveautés technologiques, comme les voitures autonomes, pour rendre nos services encore meilleurs, plus sûres, plus intéressants", confiait Ole Harms au site spécialisé Autocar lors du lancement de Moia en 2017. Moia n’est pas le seul à vouloir occuper ce nouveau créneau de la mobilité en Allemagne, pays où Uber n’opère pas. Daimler et BMW travaillent aussi de concert dans l’autopartage.

Pauline Ducamp