Veolia/Suez: le patron de Meridiam étrille la contre-offre d'Ardian-GIP

Thierry Déau - Bloomberg
Après la diplomatie, Meridiam sort l'artillerie lourde pour descendre en flammes la contre-proposition de son rival Ardian, allié à l'américain GIP. Ces derniers ont proposé un rachat de Suez au même prix que Veolia, soit 18 euros par action, valorisant le groupe à plus de 11 milliards d’euros.
Tout tourne en fait autour de la filiale Suez Eau France que Veolia ne pourra de toutes façons pas conserver pour des raisons de concurrence. Veolia a prévu de la revendre au fonds Meridiam, mais pour Suez, il en est hors de question. Le groupe espère ainsi conserver cette branche, renforcée de plusieurs sociétés autour, avec le fonds Ardian comme propriétaire.
"Notre offre est 100% française en contrôle"
Dans un entretien ce lundi aux Echos, Thierry Déau, le fondateur de Meridiam assène:
Que proposent Ardian et GIP? Une contre-opération financière avec un effet de levier par la dette, dans une perspective de court terme pouvant conduire à un démantèlement. Où voyez-vous des engagements? Où est l'intérêt des salariés et de Suez? Ce qui est vrai, en revanche, c'est qu'Ardian et GIP sont des fonds LBO qui ont déjà eu des expériences malheureuses avec deux entreprises d'eau et d'environnement qu'ils géraient: la Saur en France et Biffa en Grande-Bretagne. Alors, si l'on veut tuer un concurrent, confier Suez à ces deux fonds LBO est probablement le moyen le plus efficace d'y parvenir. Mais ce n'est pas l'intention de Veolia".
Et d'enfoncer le clou: "si Ardian se tourne vers un partenaire américain, c'est bien la preuve qu'il n'a pas trouvé de partenaire français et que ce dernier lui est indispensable pour mettre 12 milliards d'euros sur la table. Or, il serait étonnant qu'une telle alliance ne soit pas questionnée, alors que les pouvoirs publics nous ont demandé de formuler une offre française de reprise des activités eau en France, avec au moins de 60 à 70% de capitaux français. Notre offre est 100% française en contrôle, ce qui, pour un secteur aussi stratégique que l'eau est fondamental".
"Nous ne sommes pas dans un marchandage financier. Si Suez a un vrai projet compatible avec nos intérêts et ceux de Veolia, nous discuterons. Si c'est pour qu'Ardian et GIP rachètent à Veolia ses 29,9 % de Suez en lui cédant des actifs et que le groupe parte en morceaux, je n'en vois aucune nécessité", conclut sèchement Thierry Déau.