Un an après, ce que l’Etat a dépensé au nom du "Quoi qu’il en coûte"

La formule a marqué les esprits. En mars 2020, Emmanuel Macron promettait de mettre sur la table autant de moyens financiers qu’il sera nécessaire pour faire face aux répercussions économiques du coronavirus. Le fameux "Quoi qu’il en coûte".
Depuis, l’Etat a dépensé sans compter pour préserver au maximum l’économie française, laquelle a tout de même accusé une chute de 8,2% l’an passé. Mais les ménages et entreprises n’auront respectivement absorbé "que" 4% et 30% du choc grâce aux mesures de soutien, selon l’Office français des conjonctures économiques (OFCE). Tour d’horizon.
• Chômage partiel
Pour limiter au maximum les licenciements, l’exécutif a d’abord ouvert les vannes du chômage partiel. Si le dispositif existait déjà, il a été rendu bien plus généreux, au point que l’Etat a pris en charge 100% des indemnités de près de 9 millions de salariés placés en activité partielle au plus fort de la crise. Soit presque la moitié des salariés du privé.
Aujourd’hui, 2,1 millions de salariés sont encore concernés par le chômage partiel, essentiellement dans les secteurs sinistrés comme l’hôtellerie-restauration, la culture, l’évènementiel…
Pour eux, l’Etat a maintenu la prise en charge à 100% des indemnités versées aux salariés. Dans les secteurs qui fonctionnent normalement en revanche, les entreprises doivent assumer un reste à charge de 15%. Et ce seuil devrait être durci à 40% à partir du mois de mai, a fait savoir mardi la ministre du Travail, Elisabeth Borne.
Toujours est-il que le chômage partiel aura été sur l’année écoulée la mesure la plus coûteuse du "Quoi qu’il en coûte" avec 30 milliards d’euros dépensés par l’Etat. Mais également la plus protectrice.
• Fonds de solidarité
Spécialement créé pour soutenir les entreprises les plus en difficulté, le fonds de solidarité a pour objectif d’indemniser les pertes d’exploitation de ces dernières. Cette aide a régulièrement évolué depuis le début de l’épidémie de Covid-19 avec pas moins de 16 versions différentes!
Aujourd’hui, une entreprise peut, au mieux, toucher chaque mois jusqu’à 20% de son chiffre d’affaires dans la limite de 200.000 euros. Depuis un an, l’Etat a ainsi dépensé 17 milliards d’euros au titre du fonds de solidarité qui a bénéficié à 2 millions d’entreprises.
• Reports et exonérations de charges
Les entreprises fragilisées par la crise sanitaire ont également pu bénéficier de reports, voire d’exonérations de charges sociales et fiscales.
A ce jour, les premières représentent 50 milliards d’euros de recettes en moins pour les caisses de l’Etat, selon les chiffres communiqués par Jean Castex ce mercredi. Même si ce manque à gagner n’est en théorie que temporaire. Les exonérations, c’est-à-dire les annulations pures et simples de ces charges pour les secteurs fermés administrativement, ont quant à elles peser à hauteur de 8 milliards d’euros depuis le début de la crise.
• PGE
Autre dispositif qui n’existait pas avant la crise: les prêts garantis par l’Etat. Un outil censé soutenir la trésorerie des entreprises grâce à des prêts à taux très bas et couverts jusqu’à 90% par l’Etat en cas de faillites.
Les PGE ont rencontré un franc succès depuis un an: 133 milliards d’euros ont été distribués par les banques à 657.000 entreprises.
Mises bout à bout, ces aides publiques d’urgence ont représenté 77 milliards d’euros de dépenses. Une facture à laquelle il faut ajouter les pertes de recettes fiscales liées au recul de l’activité économique, soit 93 milliards de manque à gagner. Ainsi, un an après le début de l’épidémie de Covid-19, le "Quoi qu’il en coûte" se chiffre à 170 milliards d’euros.