Thierry Cotillard (Intermarché): "Si le consommateur est malin, il gomme déjà l'inflation"

L'inflation alimentaire a de nouveau reculé en août et ce pour le quatrième mois consécutif. Pour autant la hausse sur un an reste importante (+12,4%) et même très conséquente sur deux ans (+21%), selon l'institut Circana.
La grande distribution attend l'ouverture promise par le gouvernement de nouvelles négociations commerciale en octobre. De son côté, le consommateur s'est adapté pour amortir le choc. C'est que constate Thierry Cotillard, le patron du groupement Les Mousquetaires (Intermarché), invité ce lundi sur BFM Business.
"Si le consommateur est malin, il gomme l'inflation car vous avez des écarts de 20% entre les compétiteurs, explique-t-il. Au sein des enseignes, si vous faites le bon parcours [...] vous gommez 15 points. Le consommateur zappe. Il faisait à peine quatre enseignes, maintenant il en fait cinq. La fréquence augmente aussi, deux passages de plus par an. À nous d'être hyper agressif."
"Renégocier toute l'année"
Face aux contraintes de pouvoir d'achat, les consommateurs font de plus en plus jouer la concurrence pour limiter la casse.
"Il fait ses promos chez l'un, il passe prendre la belle affaire chez l'autre et puis il fait son fond de rayon dans une autre enseigne, à nous d'être hyper agressif, estime Thierry Cotillard. L'inflation qu'on a aujourd'hui chez le consommateur ce n'est pas la 'renégo' c'est le fait que Leclerc se bastonne avec Inter, se bastonne avec Carrefour, c'est très bien et ça permet de faire baisser les prix pour le consommateur."
Pour autant, le distributeur souhaite que les négociations commerciales avec les industriels s'ouvrent le plus vite possible afin que les prix baissent durablement.
"C'est une bonne chose puisqu'on l'avait demandé quand on avait vu Bruno Le Maire et Olivia Grégoire, ils se sont emparés du sujet. Avancer les négociations, c'est une chance de gagner trois mois dans l'application de tarifs qui seraient en baisse et en faire profiter les consommateurs", rappelle-t-il.
"Obtenir aussi le fait qu'on puisse renégocier toute l'année serait la nouvelle donne, l'exception française serait gommée et ça permettrait de connaître ce qu'a connu le Portugal. Les Portugais ont commencé l'année à +15%, ils sont à +5%. Entre 5 et 15, il y avait un juste milieu qu'on a loupé en France", compare Thierry Cotillard.
