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"Terrifiées, fascinées, amusées...": Trump met les élites mondiales de Davos en plein malaise

Une photo prise le 20 janvier 2025 dans la station alpine de Davos montre le centre des congrès pendant la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF).

Une photo prise le 20 janvier 2025 dans la station alpine de Davos montre le centre des congrès pendant la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF). - AFP

Si certains sont dans l'attente et d'autres dans l'euphorie, la plupart des participants du Forum économique mondial à Davos en Suisse ne sont guère optimistes lorsque le nom de Donald Trump est évoqué.

"L'éléphant est bien dans la pièce." Comme chaque hiver à la même époque, le centre des Congrès de Davos grouille de personnalités du monde politique, économique et académique avides de nouer des contacts. Mais ils pensent presque tous à un absent.

Encore plus qu'en 2024, où son retour possible à la Maison Blanche avait hanté de nombreuses conversations à Davos, Donald Trump est dans toutes les têtes cette année à la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) en Suisse.

"Tout le monde est fasciné, quelques-uns sont terrifiés, certains sont amusés en se disant que ce sera excitant. Mais la plupart sont incertains", confie à l'AFP Graham Allison, professeur à l'Université américaine Harvard Kennedy, assis au comptoir jouxtant la salle de conférence, et qui affirme assister au forum "depuis quarante ans".

Ni l'Européenne Ursula van der Leyen ni le Chinois Ding Xuexiang n'ont prononcé son nom lors de leurs discours d'ouverture mardi. Mais dès lundi soir, l'investiture du 47e chef d'Etat américain a éclipsé le démarrage de la réunion de Davos. De nombreux écrans étaient branchés sur la cérémonie de Washington, avec des retransmissions jusque dans les réceptions qui animent traditionnellement les soirées de la station durant la semaine de réunion du WEF.

L'une d'entre elles était organisée tout près du centre de conférence par le journal américain Washington Post, propriété du milliardaire Jeff Bezos - lui-même présent aux côtés de Donald Trump à Washington, avec d'autres milliardaires comme Elon Musk, Mark Zuckerberg et le Français Bernard Arnault.

Écrans de téléphone

L'investiture était aussi sur les écrans de téléphone des journalistes, plus intéressés par les premières annonces fracassantes de Trump notamment sur les taxes douanières que par le programme officiel, à l'instar de cette journaliste canadienne et de son confrère mexicain dans la navette de retour à l'hôtel.

De tous les sentiments qui planent au-dessus de l'édition 2025 de Davos, un peu particulière cette année avant une intervention jeudi du nouveau président américain par visioconférence, c'est l'incertitude qui domine.

"Nous devons voir d'abord s'il va faire ce qu'il a annoncé", recadre mardi près de la salle de conférence une cheffe d'entreprise suisse du secteur de la construction, qui préfère ne pas donner son nom, rappelant le caractère "imprévisible" de Trump.

"Aujourd'hui l'Amérique est prête à tout pour réussir" poursuit-elle, disant attendre jeudi et l'intervention du président par visioconférence devant ce parterre de dirigeants d'entreprises et de responsables politiques pour se faire une idée plus précise.

L'homme cache son badge

Elle est vite interrompue par une connaissance qui coupe court à la conversation:

"Je suis extrêmement optimiste, très heureux et euphorique pour le monde après l'inauguration de Trump", lance l'homme qui cache son badge par crainte d'être identifié et refuse d'en dire plus, tout en lançant au moment de partir: "On a de l'espoir."

Cet échange traduit un certain malaise du monde économique, entre l'admiration pour un président-milliardaire qui a lui-même passé sa vie à faire des affaires et qui a participé deux fois pendant son premier mandat au forum de Davos, et l'inquiétude face à ses réflexes protectionnistes, contraires aux valeurs de la mondialisation prônée à Davos depuis des décennies.

L'imprévisibilité domine largement aussi pour le monde académique et les premières annonces faites par Trump lundi avec la sortie de l'accord de Paris pour le climat et de l'Organisation mondiale de la santé. "Tout cela va affecter notre travail et la vie des gens", souligne Jemilah Mahmood, directrice exécutive du centre Sunway pour la santé dans le monde, en Malaisie.

Malgré l'actualité brûlante de l'autre côté de l'Atlantique, Trump "ne domine pas tout le paysage" au forum, assure-t-elle toutefois. "Est-ce que je suis optimiste? Pas vraiment. Est-ce que je suis pessimiste? Oui un peu", conclut-elle, en rappelant que "Trump sera au pouvoir pour quatre ans, et les défis que l'on traverse dureront plus de quatre ans".

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi avec AFP Journaliste BFM Éco