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Selon le patron de la Fed, la baisse des taux d'intérêts doit rester limitée pour ne pas nourrir l'inflation

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Le président de la Réserve fédérale américaine Jerome Powell anticipe des effets néfastes d'une baisse trop importante des taux directeurs, qui pourraient augmenter l'inflation.

Jerome "Too late" Powell tient tête. Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) met en garde mardi contre des baisses "trop soutenues" des taux directeurs qui feraient déraper l'inflation, alors qu'un gouverneur veut au contraire frapper fort et vite.

"Si nous assouplissons (la politique monétaire) de manière trop soutenue, nous risquons de ne pas atteindre notre objectif en matière d'inflation et de devoir inverser la tendance par la suite pour la ramener pleinement à 2%", a déclaré Jerome Powell depuis l'Etat de Rhode Island (nord-est des États-Unis).

Selon lui, les taux d'intérêt sont actuellement "au bon niveau pour réagir aux évolutions économiques potentielles".

La Fed a abaissé la semaine dernière ses taux directeurs pour la première fois de l'année, d'un quart de point de pourcentage. Ces taux, qui guident les coûts d'emprunt, sont désormais dans une fourchette comprise entre 4% et 4,25%.

Cette détente a été analysée comme une mesure préventive, pour donner du souffle à l'économie américaine et éviter que le marché du travail ne se dégrade davantage, alors même que l'inflation reste au-dessus de la cible de la Fed (elle était à 2,6% sur un an en juillet et Jerome Powell l'attend à 2,7% pour août).

Un seul responsable de la Fed a voté contre cette décision, Stephen Miran, qui vient d'intégrer l'institution sur proposition du président Donald Trump.

Le nouveau gouverneur plaidait pour un abaissement plus franc, d'un demi-point d'un coup. Stephen Miran a depuis expliqué que les taux de la Fed devraient, d'après lui, se situer "environ deux points de pourcentage" plus bas dans les mois à venir. Il était jusque-là conseiller économique de Donald Trump, poste qu'il compte reprendre dans quelques mois, quand son mandat à la Fed - prévu pour être bref - sera terminé.

Douze personnes votent ensemble sur le niveau des taux directeurs américains: les membres du conseil des gouverneurs (six gouverneurs et Jerome Powell), le président de la Fed de New York et quatre présidents de Fed régionales qui changent d'une année sur l'autre.

L'éco du monde : FED, faux plat descendant ? – 18/09
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"Compromis"

Mardi, Jerome Powell s'est gardé de toute indication pour la suite. Il a simplement répété que la situation était "assez inhabituelle", avec des pressions sur les prix - qu'il lie aux droits de douane mis en place par l'exécutif américain - en même temps que des pressions sur l'emploi.

Il attribue ces dernières à l'"incertitude" entourant les politiques publiques, "qui ont pesé sur les décisions d'investissement et les embauches".

Or les outils à la disposition de la banque centrale - les taux directeurs - ne lui permettent pas de résoudre les deux problèmes à la fois. En baissant ses taux, la Fed risque d'amplifier l'inflation. Si elle les relevait, elle freinerait l'économie et donc les embauches, déjà atones.

"C'est un environnement très difficile lorsque vos deux objectifs (stabilité des prix et plein-emploi, NDLR) vous dictent deux choses différentes, vous devez faire un compromis. Et, encore une fois, nous n'avons pas été dans cette situation depuis de nombreuses années", a relevé Jerome Powell.
HC avec AFP