Une confiance chinoise face au variant Omicron

Ces dernières 48 heures, des experts chinois, parmi les plus éminents, considèrent que le variant Omicron n’aura pas, dans la phase actuelle, d’impact majeur sur le pays. La raison de cette confiance? La stratégie "zéro covid" menée par la Chine.
Dimanche, au cours d’une conférence, c’est un pneumologue de renom de Canton, Zhang Nanshan, qui a déclaré qu’il n’y avait nul besoin d’intensifier les mesures en vigueur, puisque la stratégie systématique dite du "zéro Covid" a fait ses preuves. Dès l’origine de l’épidémie, ce conseiller gouvernemental avait préconisé une politique drastique de restrictions, à tel point que dans un premier temps, l’appareil d’Etat s’est gardé de relayer ses mises en garde.
Puis, hier, sur le réseau social chinois Weibo, sur son compte personnel, c’est le chef du département des maladies respiratoires de hôpital Huashan, à Shanghai, qui a dit sa conviction que le variant Omicron sera géré "correctement", tout autant qu’avec le Delta.
Zhang Wenhong soutient qu’en Chine "les réponses rapides et de passage dynamique vers zéro cas seront capables de faire face à divers types de variants".
D’après lui, deux semaines seront toutefois nécessaires au monde pour savoir si l’Omicron constitue une menace pour l'immunité de la population, qui a pris forme dans "certaines sociétés". Un message amplement diffusé.
"Suicidaire" de suivre les stratégies occidentales
La doctrine, donc, est qu’heureusement Pékin n’a pas cédé à tous les plaidoyers extérieurs du relâchement et de la réouverture. L’éditorialiste hongkongais Alex Lo, considéré comme plutôt proche de Pékin, juge qu’il aurait été "suicidaire" pour la Chine et son milliard 400 millions d’habitants, avec la densité de ses mégapoles, de suivre la stratégie occidentale du "vivre avec" le virus. Cette opinion repose en bonne partie sur la modélisation effectuée par quatre biostatisticiens de l’Université Peking, pour le compte du Centre national de contrôle et de prévention des maladies.
Ce document de cinq pages, daté du 24 novembre, a été publié en anglais: une approche à l’américaine avec peu de restrictions entraînerait en Chine jusqu’à 637.155 infections par jour, et ce ne semble guère plus optimiste en optant pour la stratégie française, avec un risque de 454.198 cas quotidiens. L’épidémie serait alors "colossale", induisant avec quasi-certitude une "charge inabordable" pour le système de santé chinois.
"Forteresse imprenable"
Ne pas laisser place au doute. Le quotidien étatique anglophone Global Times, toujours en pointe dans la dénonciation des positions occidentales, édicte que la Chine demeure "une forteresse imprenable contre la propagation du virus". La presse officielle multiplie ainsi les éditoriaux très assurés visant à démontrer que le monde serait bien avisé de s’inspirer, enfin, de la méthode chinoise d’éradication du virus.
Le chef du bureau européen d’un de ces médias, le China Daily, s’en prend à l’approche des nations de l’Union européenne.
"En l'absence d'une application rigoureuse des mesures de prévention et de contrôle, écrit-il, le mécanisme dit de "quarantaine" en Europe a été essentiellement volontaire et inefficace. En outre, la recherche des contacts y est pratiquement inexistante".
Point par point, l’Europe est éreintée par la façon dont elle a si vite baissé la garde, alors qu’à l’inverse la Chine n’a pas cédé aux compromis jugés négligents. Donc, en suivant ce fil conducteur, le nouveau facteur Omicron viendrait renverser l’isolement théorique grandissant dans lequel se trouvait jusqu’ici la Chine, avec une stratégie zéro Covid perçue comme dépassée, voire contre-productive. Et pas seulement de certaines capitales étrangères.
Arc-boutés
Au début du mois, un virologue chinois de premier plan, Guan Yi, reconnu dans son pays comme le "chasseur de virus" pour son travail d’identification des origines animales du SRAS et du MERS, a déploré que les exécutifs locaux se soient arc-boutés sur une tolérance nulle à ce qu’il a qualifié de "cas épars" d’infection.
L’un de ses arguments connexes a été que l’économie risquait, dès lors, de "s’effondrer" à force de sans cesse geler l’activité. Peine perdue, le principal titre de la presse économique du Parti communiste chinois statue que "les souffrances, les misères et les douleurs des patients et de leurs familles ne peuvent être mesurées par un coût économique". En trois semaines, à peine, la parole du "chasseur de virus" a été rendu inaudible.