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Il est en plein shutdown, vante le "America first" et pourtant il est prêt à aider l'Argentine avec 20 milliards de dollars: comment comprendre cette étonnante "générosité" de Trump?

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À dix jours d'élections législatives en Argentine, Washington débloque une aide sans précédent de 20 milliards de dollars. Un soutien politique et économique, conditionné à la survie du président Milei.

C’est l’image du jour : Donald Trump, tout sourire, accueillant son "ami" Javier Milei dans le Bureau ovale. Le président américain a confirmé une bouée de sauvetage financière de 20 milliards de dollars — un échange bilatéral de devises (swap) assorti d’une intervention directe sur le marché des changes pour soutenir le peso argentin et soulager la Banque centrale.

Un geste spectaculaire alors que les États-Unis sont eux-mêmes en pleine paralysie budgétaire. Scott Bessent, le secrétaire au Trésor, a parlé d’un soutien "quoi qu’il en coûte", une formule calquée sur celle, historique, de Mario Draghi.

Mais comme souvent avec Donald Trump, il faut lire les petites lignes du contrat: l’aide est liée à la survie politique de Javier Milei. Autrement dit : Washington sauve surtout son allié, pas son économie.

Annalisa Cappellini : Argentine, Trump au secours de Milei - 15/10
Annalisa Cappellini : Argentine, Trump au secours de Milei - 15/10
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America First… ou Milei First ?

Trump sort la carte du sauvetage international, alors que sa doctrine "America First" ne cesse de marteler la défense stricte des intérêts américains. Pourquoi faire une exception pour Buenos Aires ?

Il y a des raisons personnelles, d’abord. Trump ne cache pas son affection pour "son président préféré", qu’il décrit comme un "MAGA  guy".

Des raisons stratégiques, ensuite. L’effondrement de l’Argentine aurait des conséquences pour tout le continent sud-américain. Et dans le contexte actuel, chaque vacillement ouvre la porte à la Chine, devenue un partenaire commercial incontournable pour de nombreux pays de la région.

Aider Milei, c’est donc contrer l’influence économique chinoise et verrouiller le continent à l’heure où Pékin intensifie ses investissements dans les terres rares, l’énergie et les infrastructures.

Un stent économique, pas une potion magique

Mais le répit pourrait être de courte durée. Carlos Melconian, économiste argentin, résume la situation avec une métaphore parlante :

"L’Argentine était un patient en arrêt cardiaque". Selon lui, l’aide américaine "est un stent" qui sauve le patient mais qui ne soigne pas son cœur.

Le pays reste en effet structurellement fragile, entre réserves épuisées, déséquilibres budgétaires chroniques et inflation galopante. L’accord Washington–Buenos Aires achète du temps, rien de plus.

Le FMI vient de revoir ses projections à la baisse pour l'Argentine.
Le FMI vient de revoir ses projections à la baisse pour l'Argentine. © BFM

Le FMI envoie un signal d’alarme

L'horizon s'assombrit pour l'Argentine. Le Fonds monétaire international vient de revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour l’Argentine : +4,5 % en 2025 contre les 5,5 % prévus précédemment. L’inflation devrait quant à elle flamber à plus de 41 %.
De quoi compliquer davantage la campagne de Javier Milei, à dix jours du scrutin législatif du 26 octobre, qui s'annonce comme un véritable référendum sur sa politique économique.

Annalisa Cappellini