Exit la "Riviera du Moyen Orient": Trump présente son "plan Marshall" pour reconstruire Gaza et ouvre la voie à une reconnaissance (lointaine) de l'État palestinien

Un "plan de développement économique” pour “reconstruire et dynamiser” la bande de Gaza. C'est la grande nouveauté du plan de paix en 21 points présenté par Donald Trump et consulté par les journalistes de The Times of Israël. Le nouveau projet de Donald Trump s'éloigne radicalement de l'ancienne vision de "Riviera du Moyen-Orient" qui avait créé un tollé il y a quelques mois.
Ce texte stipule désormais que personne ne sera contraint de quitter Gaza, et que ceux qui choisiront de partir seront autorisés à revenir. Au contraire, les Gazaouis, que Donald Trump voulait "relocaliser" il y a encore quelques mois, seront encouragés à rester et à investir dans l’avenir de leur territoire. Le Hamas, en revanche, serait écarté de toute responsabilité gouvernementale, mais Israël, de son côté, devrait renoncer à toute forme d’occupation et à toute velléité d’annexion.
Une zone économique spéciale
Le plan prévoit dans un premier temps une aide humanitaire massive qui "affluera vers Gaza" dès la signature de l’accord. Cette assistance aura pour objectif de répondre aux besoins les plus urgents: rétablir l’électricité et l’approvisionnement en eau, déblayer les décombres, rouvrir les routes, puis reconstruire progressivement les infrastructures essentielles, en commençant par les hôpitaux, les écoles et les commerces alimentaires. Trump veut offrir l’image d’un programme de reconstruction qui rappelle, dans son ambition, le Plan Marshall mis en œuvre en Europe après la Seconde Guerre mondiale.
Mais la véritable nouveauté de cette proposition réside dans la dimension économique du projet. Le président américain envisage la création d’une zone économique spéciale à Gaza, encadrée par des pays occidentaux, avec des infrastructures modernisées, des droits de douane réduits et une ouverture aux investissements étrangers. L’idée est de transformer Gaza en un espace économique viable, créateur d’emplois et attractif pour les capitaux internationaux. Washington, bien entendu, pourrait tirer parti de ce chantier colossal qui représenterait un marché considérable pour ses entreprises.
L'ouverture à l'idée d'un Etat palestinien
Un autre point marquant du plan est son ouverture, pour la première fois, à l’idée de la création d’un État palestinien. Certes, il ne s’agit encore que d’une perspective lointaine, conditionnée à une période de transition. Durant cette phase, une force internationale de stabilisation prendrait la main, le temps de restaurer la sécurité, d’organiser la gouvernance et de mettre en place les réformes nécessaires. Selon le texte consulté par The Times of Israël, ce n’est qu’au terme de ce processus que "les conditions pourraient enfin être réunies pour une voie crédible vers un État palestinien", répondant ainsi à l’"aspiration légitime du peuple palestinien".
Ce changement de ton est certes spectaculaire, mais la création d'un Etat palestinien reste très hypothetique. Reste à savoir si cette proposition traduit un véritable changement de ligne politique ou si elle relève surtout d’une stratégie politique et médiatique. Beaucoup y voient d’abord une initiative présidentielle destinée à relancer la voie diplomatique et à mettre fin rapidement au conflit : un enjeu crucial pour Donald Trump qui espère obtenir le prix Nobel de la paix qu'il pense mériter.