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L Edito de Raphael Legendre

EDITO. Moody’s dégrade la France: une chance!

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L'ÉDITO DE RAPHAËL LEGENDRE. Cadeau de bienvenue de Moody’s à François Bayrou: l’agence de notation a dégradé la note souveraine de la France samedi. Et si c’était une chance pour le nouveau Premier ministre?

La dégradation surprise de Moody’s doit servir de réveil aux somnambules qui ne voient pas ce qui est en train de se passer. Je pense à tous nos parlementaires qui, durant le débat budgétaire, ont été incapables d’accepter le moindre effort pour redresser nos comptes publics.

Je ne parle même pas du Nouveau Front populaire qui réclame toujours plus – plus de dépenses, plus d’impôts... Mais aux sénateurs qui ont divisé par deux les cinq milliards d’économies demandées aux collectivités locales alors que leurs dépenses ont augmenté de 64 milliards depuis le Covid. Je pense à Laurent Wauquiez qui a détricoté les maigres économies demandées aux retraités alors que les pensions ont pris 10% en deux ans et qu'il s'agit, et de loin, de la première dépense publique. Je pense à Marine Le Pen qui s’oppose au déremboursement partiel des médicaments alors que les comptes de la Sécu virent au rouge cramoisi... Quelques exemples parmi tant d’autres pour illustrer la joyeuse irresponsabilité qui règne au Parlement.

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Est-ce qu’une note d’agence va changer quoi que ce soit? Pas sûr. Mais si l’on ne fait rien, c’est un déficit de 6,3 % l’année prochaine, pire que celui de cette année (6,1%), et une dette de 120 % du PIB à la fin du quinquennat. On ne pourra pas dire qu’on n’était pas prévenu.

Ligue 2 de la dette

La facture se paye déjà. Le spread a pris 35 points de base depuis la dissolution. C’est 1,2 milliard d'euros de hausse de la charge de la dette dès l’année prochaine et dix milliards dans dix ans.

Surtout, nous ne sommes plus qu’à un cran de la catégorie des simples A. Et là, c’est la sortie des clubs de première division de la dette. La facture ne sera pas la même pour placer nos 300 milliards de refinancement par an. On est assis –je pèse mes mots- sur une véritable bombe financière.

Quand elle explosera, il ne sera plus question de rigueur, mais d’austérité. La différence? La rigueur, on la choisit; l’austérité, on vous l’impose. Personnellement je préfère la rigueur.

Raphaël Legendre