Maurel & Prom face aux défis de la transition énergétique

Maurel & Prom est un producteur d’hydrocarbures. Le secteur dans lequel vous évoluez est forcément impacté par les exigences en matière de développement durable et la décarbonation des industries. Comment analysez-vous ce sujet ?
Maurel & Prom doit être une entreprise responsable. Nous avons l’obligation de prendre en compte les enjeux sociaux, de gouvernance et environnementaux, qui sont absolument essentiels. Concernant ces derniers, il est primordial que nous produisions nos hydrocarbures avec un minimum d’émissions, dans des conditions environnementales strictes. À ce sujet, nos performances figurent parmi les meilleures du secteur en matière de réduction des émissions de CO₂ par baril. Et nous comptons encore progresser.
Et en ce qui concerne l’autre volet du dossier, c’est-à-dire la transition générale de l’ensemble des secteurs vers des énergies moins carbonées ?
C’est un enjeu porté avant tout par les politiques, les acteurs des nouvelles énergies et les consommateurs. Pour autant, nous devons, en tant qu’entreprise, anticiper notre propre transition. Un moment viendra où le monde aura beaucoup moins besoin d’hydrocarbures qu’aujourd’hui. Il nous faudra alors nous adapter à cette nouvelle situation. D’ici une trentaine d’années, nous devrons soit faire partie des producteurs fournissant les volumes restants, bien que drastiquement réduits, soit nous engager dans une reconversion industrielle.
Avez-vous déjà songé à des pistes possibles de reconversion ?
Il est essentiel de se fixer un horizon. À l’horizon 2050, la demande en hydrocarbures devrait être divisée par trois ou quatre. Cela nous laisse le temps de réfléchir et d’agir. Nous appartenons à une industrie lourde, il nous est donc impossible de changer de modèle économique du jour au lendemain. Notre position est claire : nous restons un pure player du secteur, mais un pure player responsable. Toutefois, nous nous préparons à cette échéance que nous ne maîtrisons pas totalement. Nous allons sans doute évoluer vers un mix énergétique comportant davantage de gaz et moins de pétrole. Il faut rappeler que remplacer 1 MWh de charbon par 1 MWh de gaz réduit les émissions de CO₂ par deux, ce qui a un impact significatif sur le climat. Par ailleurs, nous explorons d’autres sources d’énergie, comme le solaire – avec un projet en Angola – et la géothermie, qui présente des synergies avec notre cœur de métier.
Les interrogations sur l’avenir n’empêchent pas le groupe d’afficher d’excellents résultats financiers, avec d’importants développements…
Toute entreprise doit avant tout assurer sa solidité financière. Historiquement présents en Afrique et en Amérique du Sud, nous nous sommes temporairement retirés de ce dernier marché avant d’y revenir. Nous sommes aujourd’hui présents au Venezuela, où nous avons acquis en 2019 un important champ pétrolier sur le lac de Maracaibo. En un an, nous y avons augmenté la production de 50 %. Nous avons également signé un accord en Colombie pour la production de gaz.
Le Venezuela fait l’objet de nouvelles sanctions de l’administration Trump. Cela vous inquiète ?
La révocation de la licence de M&P au Venezuela signifie qu’à partir du 27 mai 2025, et ce, en l’absence d’une extension de notre licence, le Groupe ne pourra probablement plus procéder qu’à des opérations de maintenance critique et d’intégrité, afin de s’assurer de la sécurité des installations et des personnes. Cela fait partie des aléas du métier. Heureusement, notre solidité financière nous permet de faire face à cette situation et de poursuivre notre croissance.
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