Le capital-investissement, allié incontournable des PME

Quel regard portez-vous sur la situation actuelle des entreprises ?
La crise n’a pas impacté de la même manière toutes les entreprises. Certaines vivent des situations dramatiques. D’autres, au contraire, ont été « portées » par le contexte actuel, notamment celles qui bénéficient d’une relation digitale avec leurs clients et ont connu une réelle augmentation de leur chiffre d’affaires. Ce sont ces entreprises qui vont jouer un rôle fondamental dans la reprise économique, la croissance et la consolidation.
Dans ce contexte, à quoi peut servir le capital-investissement ?
Le Capital-investissement a joué un rôle de stabilisateur pendant la crise. Il doit aussi continuer de jouer son rôle premier, accompagner les entreprises dans leur développement. Pour l’avenir, je reste optimiste. Les secteurs qui ont souffert ont été soutenus et devraient bénéficier de la reprise. Quant aux entreprises qui avaient déjà opéré leur transition digitale ou ont su s’emparer du sujet pendant la crise, elles vont pouvoir bénéficier du capital-investissement pour encore accélérer.
Pour parvenir à quel objectif fondamental ?
Le leitmotiv est le suivant : il faut absolument changer la taille des entreprises françaises pour les faire grandir. En termes de nombre de sociétés, nous sommes les champions du monde, mais avec une taille moyenne qui est petite et constitue un frein aux investissements importants. C’est pourquoi il leur faut impérativement atteindre une taille critique, à l’image des entreprises du Mittlestand allemand. Chez nos voisins d’outre-Rhin, on compte 12 000 ETI contre seulement 4 000 en France. Je reste certain que la consolidation franco-française va se produire, contrainte par la crise. Et le capital-investissement va y prendre toute sa part. Notamment parce qu’aujourd’hui, les entreprises n’ont plus accès au marché boursier, sauf si elles pèsent déjà plusieurs milliards d’euros. En conséquence, le capital-investissement français devrait dépasser en 2021 les 20 milliards d’euros mobilisés.
Comment faire pour rediriger l’épargne française vers l’économie réelle ?
Aujourd’hui, quand le marché français du non coté lève 20 milliards d’euros, 50 % proviennent de l’épargne directe et de l’épargne institutionnelle, les 50 % restants sont importés. Cela revient à proposer aux retraités du monde entier de venir investir en France avec, à la clé, une rémunération annuelle qui se situe à 10 % par an sur une longue période, alors que l’épargne traditionnelle tourne actuellement autour de 0 %. On comprend dès lors pourquoi l’épargne mondiale s’intéresse à la qualité du tissu économique français, ses start-up, ses PME, ses ETI. Aujourd’hui, il y a donc nécessité à rediriger l’épargne des Français vers l’économie réelle. Pour des raisons historiques, les ces derniers ont été habitués à une épargne de court terme, garantie et sans risques. Le capital-investissement fonctionne selon d’autres critères. Il est pourtant possible de le rendre éminemment attractif pour l’épargnant. Prenons l’exemple d’un fonds de fonds (il s’agit d’un portefeuille composé d'autres fonds, appelés fonds sous-jacents) et imaginons que ce fonds soit composé de 10 à 20 fonds composés eux-mêmes chacun de 10 à 20 sociétés. On conçoit aisément, dans cette configuration, que le risque est dilué et que la probabilité de ne pas récupérer son argent est statistiquement très faible. La prochaine révolution du secteur concerne donc la commercialisation de tels produits. Et si la rencontre entre offre et demande tarde à se faire, Eurazeo n’hésitera pas à se positionner sur le créneau de la distribution.
Le capital-investissement prend-il en compte les enjeux de RSE ?
C’est un sujet important. Dans le domaine, Eurazeo a clairement été un précurseur. Nous avons dès 2008 réalisé un bilan complet des impacts environnementaux de notre portefeuille. Cette stratégie reflète notre conviction selon laquelle développement durable et création de valeur vont de pair. L’année 2020 a marqué une nouvelle étape dans notre volonté d’agir en matière de lutte contre le dérèglement climatique. Notre objectif est d’atteindre zéro émission nette de carbone en 2040.
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