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Entreprises en difficulté : « Il est très difficile de faire le tri entre les entreprises en difficulté temporaire et les entreprises en insolvabilité définitive »

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[CONTENU PARTENAIRE] Si les aides de l’État ont permis à bon nombre d’entrepreneurs de tout juste garder la tête hors de l’eau ces derniers mois, il semble que les conséquences les plus défavorables sont à présager pour l’année à venir. Nous faisons le point sur la situation des entreprises en difficulté avec Franck Michel, administrateur judiciaire associé de l’étude AJ Associés dont les 23 bureaux sont répartis dans toute la France.

Quel constat faites-vous un an après le début de la crise ? Avez-vous accompagné davantage de dirigeants en période de Covid-19 ?

Franck Michel : Je fais le constat que la Covid, avec les mesures mises en place par le gouvernement, a eu un effet anesthésiant sur les entreprises. Pour le moment, la situation parait maîtrisée pour un œil non-averti mais il s’agit d’une situation totalement anormale.

Il ne faut pas oublier que le recours à la dette ne remplacera pas le chiffre d’affaires perdu et constituera un frein à la reprise pour les entreprises les plus saines. En revanche, des entreprises qui auraient dû se placer en procédure collective ont été prolongées artificiellement.

Avec près de 120 milliards de PGE (Prêts Garantis par l’État) distribués, on assiste à une émergence d’entreprises qualifiées de « zombies ». Elles ont été surprotégées. L’argent public versé aux entreprises en temps de confinement sauve les firmes qui auraient disparu sans l’épidémie. Il est très difficile de faire le tri entre les entreprises en difficulté temporaire et les entreprises en insolvabilité définitive.

En réalité, en 2020, les faillites étaient au plus bas depuis trente ans. Grâce aux aides de l’État, le nombre de faillites a chuté de 38 % en 2020. Si 32 000 entreprises ont fait l’objet de faillites en 2020, c’est 20 000 de moins qu’en 2019. Nous avons donc accompagné moins de dirigeants l’année dernière. En revanche, pour 2021, avec le durcissement des conditions d’octroi du PGE par les banques, nous sentons que les chefs d’entreprises font davantage appel à nos services via les mécanismes de prévention des difficultés.

Que pensez-vous des solutions mises en place par le gouvernement pour les entreprises ? Le PGE a-t-il solutionné les problèmes économiques des entreprises ?

F. M. : Les solutions mises en place par le gouvernement ont démontré leur efficacité, mais il ne faut pas oublier qu’à part des aides pour certaines catégories d’entreprises qui ne sont pas remboursables, nous sommes sur du recours à de l’endettement.

Depuis le début de la crise, le rythme d’endettement des sociétés s’est nettement accéléré, passant de 5 % à 13 %. Ce rythme s’explique par la mise en place du dispositif des PGE. Il s’agit d’une forme de surendettement des entreprises, sans compter les reports de charges.

Avec cet endettement, plusieurs cas de figure vont apparaître. Tout d’abord, on a les entreprises qui n’ont pas touché à leur PGE. Celles-ci seront en mesure de faire un arbitrage entre le remboursement immédiat en 2022 ou la faculté de le rembourser sur 5 ans, et ce en fonction des taux.

A l’autre extrémité, on retrouve les fameuses entreprises « zombies » qui devront nécessairement se placer sous procédure collective.

Entre les deux, nous allons avoir de plus en plus de fonds de dettes privées qui seront prêts à tirer parti de la crise. Ce n’est pas forcément une bonne chose pour les entreprises, car pour le rachat des créances bancaires même décotés, les fonds de dette exigent des restructurations plus radicales que les banques, avec un coût de rémunération nettement supérieur.

Nous allons donc assister à une augmentation des missions de prévention afin d’accompagner des prises de contrôle des entreprises par la conversion de la dette en capital, mais aussi à des procédures collectives qui seront défendues par les actionnaires.

Est-il encore possible d’éviter la faillite pour les entreprises fragilisées ? Si oui, de quelle façon ?

F. M. : La faillite est un terme qui n’appartient plus au vocabulaire juridique. Aujourd‘hui, les différentes procédures proposées par le livre 6 du Code de commerce fonctionnent comme une véritable « Boîte à outils » mise à la disposition du chef d’entreprise. Elle permet de résoudre ses difficultés sans passer par une procédure jugée comme un échec de l’entrepreneur. Il s’agit des procédures suivantes : mandat ad hoc, conciliation, sauvegarde, redressement judiciaire.

Il me semble que la solution pour éviter les faillites passe par un encadrement des assureurs crédits afin de prévenir l’effet « domino ». Je note d’ailleurs que l’État a apporté une garantie aux assureurs crédits via le réassureur public, le CCR (Caisse centrale de réassurance).

Quel rôle joue la discrétion dans votre métier d’accompagnant des dirigeants ?

F. M. : La discrétion est un état d’esprit mais c’est surtout un cadre juridique qui porte le nom de « confidentialité » et concerne les procédures de prévention.

Cette confidentialité est essentielle au succès de la prévention, compte-tenu des conséquences que la divulgation des informations de l'entreprise en situation de faiblesse peut engendrer (données financières, avancée des négociations, valeurs des actifs de production ou financiers…).

Ce contenu a été réalisé avec SCRIBEO. La rédaction de BFMBUSINESS n'a pas participé à la réalisation de ce contenu.

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