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Prix de l'électricité: comment le gouvernement compte bloquer les tarifs en 2023

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Devant la crainte de rattrapage, Bruno Le Maire a assuré que les prix de l'électricité n'augmenteraient pas de 8% en 2023. Le gouvernement compte reconduire le dispositif actuel de baisse de la fiscalité sur l'électricité.

La douloureuse sera-t-elle pour 2023? Cela fait maintenant sept mois que les prix de l'électricité sont pour ainsi dire bloqués en France. Depuis l'annonce de Jean Castex en septembre dernier, la hausse des factures a été limitée à 4% pour la très grande majorité des Français. En dehors des clients malchanceux de quelques fournisseurs alternatifs, les Français n'ont pas connu d'explosion de leurs dépenses d'électricité comme certains de nos voisins.

Sans ce bouclier tarifaire sur l'énergie, la hausse aurait été de 44,5% depuis sa mise en place en octobre dernier selon les calculs de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Mais ce gros coup de pouce financé pour partie par l'Etat et pour l'autre par la trésorerie d'EDF devra bien être compensé. C'est en tout cas ce qu'estime la CRE dans une délibération du 31 mars dernier qui chiffre à environ 8% la hausse du prix moyen de l'électricité attendue en 2023, soit l'équivalent d'une hausse de 12 euros par mois pour une famille de quatre qui se chauffe à l'électricité.

Si la CRE parle bien de rattrapage, le gouvernement dément toutefois une hausse des tarifs dans ces proportions d'ici l'année prochaine. C'est ce que vient d'annoncer le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

"Nous voulons être très clair avec les consommateurs, ce n'est pas eux qui paieront la facture, il n'y aura aucun rattrapage en 2023", a indiqué le ministre ce lundi.

Car outre le coût jusqu'à présent de cette mesure décidée en septembre dernier bien avant la guerre en Ukraine, les prix de l'énergie et de l'électricité en particulier ont continué à flamber.

"Il y aura un besoin supplémentaire de financement en 2022, reconnaît Bruno Le Maire. Pourquoi? Parce que les prix auraient pu évoluer à la baisse, ils auraient pu évoluer à la hausse, malheureusement ils ont plutôt évolué à la hausse. Ce besoin de financement sera financée par le projet de loi de finance que nous examinerons à la rentrée prochaine."

En cas de baisse des tarifs, précise le gouvernement, la compensation n'aurait pas lieu d'être en 2023. Mais si les prix restent élevés, "on pourra par exemple compenser les fournisseurs à la place de faire payer les consommateurs (c’est ce que l’on fait sur le gaz), ou encore baisser la fiscalité sur l’électricité en 2023 (comme on l’a fait en 2022)", précise-t-on dans l'entourage du ministre.

L'Etat a d'ailleurs déjà commencé à indemniser les fournisseurs avec un versement anticipé de 131 millions d'euros aux 30 plus petits fournisseurs d'électricité en France, soit 13,86 euros le mégawattheure, précise la CRE. Pour les plus gros dont EDF, l'Etat leur avait demandé de faire un décalage de trésorerie dans l'espoir que les prix de marché baissent et que la compensation pourrait être faible et étalée dans le temps.

Un pari risqué pour le gouvernement, jugent les associations de consommateurs.

"La CRE choisit une fois encore d’augmenter les prix pour que les fournisseurs puissent réaliser des marges confortables, estime François Carlier, le délégué général de la CLCV dans Le Parisien. Tout ça sur le dos des ménages, et à cause d’un mauvais pari."

Un pari que le ministre de l'Economie assume et qui a tenu à rassurer les Français en pleine période électorale. Il ne devrait donc pas y avoir de hausse des prix de 8% en 2023. L'Etat prendra tout à sa charge. Un manque de recettes fiscales que l'Etat devra cependant compenser sous peine de creuser davantage le déficit du Budget.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco