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Pourquoi AstraZeneca ne parvient pas à remplir ses objectifs de livraison

AstraZeneca peine à honorer ses commandes pour l'Europe

AstraZeneca peine à honorer ses commandes pour l'Europe - Andrew Matthews © 2019 AFP

Sur les deux usines européennes censées fabriquer le vaccin d'AstraZeneca, une seule délivre effectivement le précieux sésame. L'autre attend toujours l'autorisation européenne pour le faire.

La course au vaccin tourne à la foire d'empoigne. Ce samedi, AstraZeneca a annoncé de nouveaux retards de livraison de son vaccin contre le Covid-19 en Europe. La faute à des "restrictions d'exportations" explique un porte-parole du laboratoire. En l'occurrence, AstraZeneca espérait exporter des doses produites aux Etats-Unis. Mais de la même façon que l'Italie a bloqué une livraison vers l'Australie, les Etats-Unis auraient prévenu Bruxelles qu'ils garderaient aussi leurs doses.

De bonne guerre sur le plan diplomatique mais un casse-tête pour AstraZeneca qui enchaîne les déboires. Alors que son vaccin, qui ne nécessite pas de conservation dans des congélateurs à très basse température, devait signer une accélération massive de la vaccination, le laboratoire annonce retards sur retards.

En réalité, les blocages des exportations ne sont pas le seul facteur. En janvier, un souci de production au sein du site belge de Seneffe - un des deux qui fabriquent la substance active du vaccin en Europe – avait entrainé un raté à l'allumage, irritant des Européens impatients.

Imbroglio autour de l'usine néerlandaise

Selon le Financial Times, c'est le second site, l'usine d'Halix aux Pays-Bas, qui pose soucis. En l'occurrence, pas une seule dose ne serait encore sortie du site, alors qu'elle est censée produire cinq millions de doses par mois.

Comment expliquer ce ratage ? L'usine en question n'est toujours pas homologuée par l'agence européenne du médicament (EMA). S'agissant d'un site très sensible, il doit en effet recevoir une approbation européenne pour s'assurer de sa sureté sanitaire. AstraZeneca attend donc le feu vert mais, de son côté, l'EMA attend toujours les documents indispensables à la validation.

"Il est de la responsabilité de l'entreprise de demander à ce que les usines soient couvertes par une autorisation de mise sur le marché et de soumettre toutes les données nécessaires à cet effet" a souligné la Commission Européenne au Financial Times.

Un imbroglio qui a d'ailleurs alimenté l'idée que le laboratoire utilisait le site d'Halix pour exporter ses doses vers le Royaume-Uni. La semaine dernière, le commissaire européen Thierry Breton a assuré qu'aucun vaccin n'avait quitté les Pays-Bas, après une inspection de l'usine en question.

Selon un document obtenu par Reuters, la situation pourrait néanmoins se décanter rapidement. AstraZeneca attend cette fameuse autorisation pour le 25 mars prochain, même si elle pourrait être décalée plutôt à la fin du mois. C'est, en tout cas, une condition sine qua non pour ne pas perdre davantage de temps.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business