Pour les salles de sport, le compte n'y est toujours pas

Désinfection d'une machine d'entrainement physique dans une salle de sport à Caen le 4 juin 2020 - Sameer Al-DOUMY © 2019 AFP
Si les commerces dits "non-essentiels" sont désormais ouverts, les salles de sport devront attendre la troisième phase du déconfinement qui débutera au mieux le 20 janvier. A cette date seulement, ces activités pourront reprendre si les objectifs sanitaires sont atteints.
Pour les acteurs des salles de sport, c'est évidemment une nouvelle douche froide après les fermetures administratives imposées lors des deux confinements.
Ce secteur est loin d'être économiquement négligeable. Il représente presque 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires par an en France et pas moins de 35.000 emplois. 6 à 7 millions de Français fréquentent une salle de sport.
Si les acteurs prennent acte du renforcement des aides annoncées par le gouvernement, ils estiment qu'elles ne leur permettront pas de traverser cette crise et d’envisager une reprise sereine.
"Avec une perte de chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros et 10.000 emplois menacés d’ici la fin de l’année, le secteur des loisirs sportifs marchands se trouve dans une situation dramatique. La moitié de ces établissements (salles de fitness, d’escalade, de foot à 5, de padel…) envisage des procédures de sauvegarde ou de liquidation dans les six prochains mois" s'alarme l’Union sport & cycle, la première organisation professionnelle du secteur du sport et des loisirs.
La moitié des salles a perdu au moins 30% de leur chiffre d'affaires
Selon ce syndicat, depuis mars, près de 500 salles ont déjà mis la clef sous la porte et la chiffre d’affaires du secteur est en chute de 47% entre mars et septembre sur un an.
Et selon une récente enquête de Cosmos citée par Les Echos, 46% des répondants assurent avoir déjà perdu 30% au moins de leur chiffre d'affaires annuel, 17% d'entre eux ayant vu plus de la moitié de leurs revenus disparaître. 41% déclarent avoir trois mois voire moins de trésorerie, un peu plus de 7% disposant à peine de 30 jours de liquidités.
"Sur 2020-2021, nous aurons été privés de périodes cruciales pour nous : septembre et janvier, au cours desquels nous enregistrons habituellement le plus grand nombre de nouveaux abonnements. Avec au minimum 7 mois de fermeture et 18 mois estimés pour retrouver notre clientèle, nous prévoyons 500.000 euros de perte d’exploitation au total. Le fonds de solidarité est une bonne mesure sur le principe mais, plafonné à 10.000 euros par mois, c’est une goutte d’eau comparé au poids de nos charges (50.000 euros par mois environ)", détaille par exemple Philippe Herbette de Fitness Park.
Une TVA à 10%
Le loyer, premier poste de dépenses représentant jusqu'à 30% des charges angoisse également les patrons de salles qui sont souvent de petites PME. Et sur ce point, les professionnels doivent souvent négocier avec les bailleurs au cas par cas.
"Aujourd'hui, demander aux propriétaires de repousser sans arrêt les loyers est juste impossible", s'inquiète Philippe Leroy, membre de France Active, dirigeant de The Loft, club de fitness à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).
Concrètement, le secteur demande un plan spécifique de survie et de relance, au vu de sa particularité: l’augmentation du fond de solidarité à 15.000 euros mensuel, la suppression du plafond de 200.000 euros pour la compensation des pertes d’exploitations fixée à 20 % du CA mensuel, la rétroactivité des mesures à partir du mois d’octobre, la prise en charge des congés payés des salariés en chômage partiel et un taux de TVA ajusté à 10% (au lieu de 20% aujourd’hui) pour la souscription d’abonnement en salles de sport.