Poser un lapin à votre médecin sera peut-être bientôt facturé

Trop de rendez-vous médicaux ne sont pas honorés. Le Sénat examine ce mardi en première lecture une proposition de loi pour trouver une solution au problème. Solution qui pourrait passer par une sanction financière pour les patients négligents.

C'est une attitude qui ulcère les généralistes. Chaque année, 27 millions de rendez-vous médicaux ne sont pas honorés selon le conseil national de l'ordre des médecins. La Caisse nationale de l'assurance maladie évoque de son côté un taux d'annulation plus proche des 3 à 4%. Beaucoup trop en tout cas. Cela ferait perdre deux heures chaque semaine au médecin. Un temps qui aurait pu être utile à d'autres patients.

Le système du double rendez-vous

Les principales raisons évoquées par les patients sont l'oubli tout simplement ou un empêchement de dernière minute. Mais un autre phénomène est mis en avant par les syndicats de médecins: le système du double rendez-vous. Grâce aux plateformes comme Doctolib, les patients retiennent plusieurs case horaires avec plusieurs praticiens pour être certains d'obtenir une consultation. L'Ordre des médecins et l'Académie de médecine estiment dans un communiqué que cela témoigne d'une "déconsidération pour l'acte médical", transformé en "bien de consommation". Doctolib a beau envoyer mails et SMS de rappel, rien n'y fait.

Bientôt une "taxe lapin"?

Le syndicat de médecins libéraux UFML milite depuis des années "pour un droit à facturation des consultations non honorées". Il a lancé une pétition en ligne qui a réuni près de 10.000 signatures. Les sénateurs se sont emparés du sujet et proposent de responsabiliser les patients en les faisant passer à la caisse. Ce qu'on appelle déjà une "taxe lapin".

Elle serait au crédit du patient indélicat et pourrait être prélevée par la sécurité sociale sur les remboursements médicaux à venir. Cela nécessite de modifier le code de la santé publique. Car aujourd'hui, ce n'est pas autorisé. "Des honoraires ne peuvent être réclamés qu’à l’occasion d’actes réellement effectués même s’ils relèvent de la télémédecine", selon  l’article R.4127-53.

Les associations de patients sont contre l'idée d'une sanction financière. Pour France Assos Santé par exemple, le vrai fautif, c'est le délai qui s'allonge toujours plus pour voir un généraliste ou un spécialiste. De son côté, Doctolib réfléchit à l'envoi d'un mail de mise en garde aux patients négligents et à l'idée de l'empêcher de prendre rendez-vous avec plusieurs médecins généralistes sur une même période. La plateforme teste également la possibilité d'annuler un créneau à la dernière minute.

Hélène Cornet