Pierre Moscovici regrette que "le quoi qu'il en coûte" ait continué en 2022

"Le quoi qu'il en coûte contre le Covid était justifié, autant le quoi qu'il en coûte permanent n'est pas quelque chose dont nous avons les moyens". Lors d'un entretien avec BFM Business, le Premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, épingle le gouvernement sur les mesures d'aides qui pèsent lourdement sur les finances publiques.
"Pendant la crise Covid nous étions confrontés à une pandémie inédite et mondiale qui a mis (...) nos finances publiques dans le rouge. C'était indispensable... et nous ne l'avons jamais critiqué", remarque Pierre Moscovici qui estime que la situation ne justifie plus ces mesures.
Des aides "ciblées et temporaires"
Evoquant entre autre les aides à l'énergie, le Premier président de la Cour des comptes estime que "le gouvernement (...) a mis en place des dépenses qui sous couvert de réponses à la crise s'avèrent être des dépenses pérennes."
"Nous avons 57% du PIB qui est consacré à la dépense publique, une dette publique de 111% de 20 points supérieure à la moyenne européenne. Nous sommes plutôt dans les pays très endettés. Il faut vraiment qu'en 2023, ce slogan 'le quoi qu'il en coûte est fini' devienne une réalité."
"Désormais, les dépenses publiques additionnelles doivent être ciblées et temporaires. Elles ne doivent pas être structurelles et permanentes, nous n'avons pas les moyens de faire ainsi", affirme Pierre Moscovici qui dit avoir une très forte préoccupation pour nos finances publiques qu'il considère comme dégradées".
Pierre Moscovici plaide pour une "bonne dépense publique (...) efficace et juste qui prépare l'avenir". Il y a des secteurs dans lesquels il faut investir.
"Je ne suis pas du tout un partisan de l'austérité. L'austérité, ça affaiblit et ça appauvrit". Il dit être "un très chaud partisan" d'une dépense publique sélective, performante, juste et de qualité. C'est ce qu'on doit viser", explique-t-il.
"Résorber les déficits"
Quant à la réforme des retraites dont la mobilisation contre le texte démarre demain, la position de Pierre Moscovici est nuancée. En 2021, avant l'élection présidentielle, la Cour des comptes avait publié une note sur les enjeux de la réforme des retraites pour "résorber les déficits" et "renforcer l'équité".
"La Cour faisait partie de ceux qui pensaient qu'une réforme était nécessaire... que notre système de retraites n'était pas finançable sur le long terme, qu'il n'était pas soutenable et qu'il fallait résorber ce déficit", explique Pierre Moscovici en rappelant d'ailleurs que la piste préconisée par la Cour de comptes était de "travailler plus longtemps". En revanche, il signale avoir mis en avant "des impératifs d'équité" et qu'il prônait "la nécessité de trouver un consensus".
"Je n'ai rien de plus à dire sur le fait qu'une réforme est nécessaire pour rendre le système finançable. Sur le reste...ce n'est pas ou plus mon métier, de la politique".