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Nouvelles technologies: des Français toujours plus méfiants et défiants

Les Français sont à la fois de plus en plus méfiants envers les nouvelles technologies mais de plus en plus attirés par les produits technologiques.

Les Français sont à la fois de plus en plus méfiants envers les nouvelles technologies mais de plus en plus attirés par les produits technologiques. - Adam Fagen - Flickr -CC

Le baromètre annuel réalisé par l'Ifop montre que pour la première fois depuis trois ans, les Français sont une majorité à se dire inquiets à l'égard des nouvelles technologies. Mais ils se déclarent dans le même temps attirés par les produits technologiques.

Le progrès technologique est de moins en moins perçu comme un progrès pour l'humain. Au contraire, il inquiète désormais plus qu'il ne rassure. La multiplication des polémiques et des fausses informations sur de récentes innovations comme la 5G, l'intelligence artificielle, la reconnaissance faciale, le big data... en atteste.

Cette inquiétude s'illustre très bien dans la dernière édition du sondage* sur le rapport des Français aux nouvelles technologies, réalisé par l'Ifop pour l'Académie des technologies.

Ainsi, pour la première fois en trois ans, les Françaises et Français sont désormais une majorité (56%) à se dire inquiets à ce sujet. C'est 15 points de plus par rapport à l’an dernier et 18 de plus par rapport à 2018! L'année 2020 marque donc une vraie rupture peut-être alimentée par les nombreux débats autour de la 5G ou des vaccins.

Une minorité estime désormais que les technologies ont un impact positif sur le quotidien

Evidemment, les plus jeunes sont les moins anxieux puisque "seulement" 44% des 18 -24 ans se disent inquiets contre 59% des 35-64 ans.

Par ailleurs, ils sont nettement moins nombreux qu’il y a une dizaine d’années à reconnaître leur impact positif sur le quotidien: 45% pour la santé (-25 points depuis 2009), 25% pour l’alimentation (-21 points) et 21% pour l’environnement (-28 points).

Paradoxalement, 61% estiment que le progrès technologique reste synonyme de progrès pour l’humanité (c'est néanmoins 5 points de moins sur un an) et 75% se déclarent majoritairement intéressés par les nouvelles technologies.

L’attrait pour les produits comportant une innovation technologique a même cru de manière conséquente ces dernières années (+16 points depuis 2003) au point d’être désormais majoritaire (55%) dans la population même si cet attrait n'est que de 47% pour les ouvriers et les employés.

Dualité

Mais les citoyens, à 77%, aimeraient être davantage partie prenante dans les décisions concernant des technologies controversées d'autant plus que 58% s'estiment mal informés. Les femmes et les seniors sont les plus critiques dans ce domaine (81% et 80%).

Bref, on observe une certaine dualité avec d'un côté une méfiance voire une défiance qui progressent mais de l'autre un attrait qui reste fort pour les produits technologiques. Par contre, ils sont unanimes pour estimer que la France en particulier et l'Europe en général sont à la traîne en matière de R&D.

Seuls 21% des personnes interrogées citent un grand pays européen parmi les pays les plus en avance. La France, avec 9%, arrive devant l’Allemagne (7%). Les Etats-Unis arrivent en tête (31%) devant la Chine (23%) et le Japon (13%).

"Il est intéressant de relever que l’avance asiatique est particulièrement ressentie dans les catégories moins favorisées: 51% chez les ouvriers et employés, contre 34% chez les cadres. Ces derniers perçoivent surtout l’avancée de pays occidentaux comme les États-Unis (39%), la perception du "danger" technologique des pays étrangers étant probablement liée au type d’emplois menacés (production en Asie, économie de la connaissance aux USA)" observe l'Ifop.

*Étude Ifop pour l’Académie des technologies réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 15 au 16 octobre 2020 auprès d’un échantillon de 1 018 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business