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"Ils possèdent l'équivalent de 30% du PIB français": 7 prix Nobel d'économie (principalement américains) encouragent la France à adopter un impôt sur les milliardaires

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Des économistes ayant reçu le prix Nobel plaident pour que la France adopte un impôt sur le modèle de la "taxe Zucman", qui propose un impôt de 2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros.

Sept prix Nobel d'économie ont appelé, lundi 7 juillet, dans une tribune, à mettre en place un impôt minimum sur les patrimoines des plus riches en France sur le modèle de la "taxe Zucman", rejetée au Sénat en juin à l'heure où la France cherche des pistes de recettes.

Avec l'impôt sur les ultrariches, "la France a l'occasion, de nouveau, de montrer la voie au reste du monde", écrivent ces lauréats de la prestigieuse distinction économique dans une tribune publiée par le journal Le Monde. Parmi eux, les Nobel d'économie 2024 Daron Acemoglu et Simon Johnson, ceux de 2019 Esther Duflo et Abhijit Banerjee, ceux de 2001 George Akerlof et Joseph Stiglitz, ainsi que celui de 2008 Paul Krugman, la plupart de nationalité américaine.

Les milliardaires français possèdent l'équivalent de 30% du PIB du pays

Selon ces économistes reconnus à l'international, "les ultrariches sont particulièrement prospères en France. Les milliardaires mondiaux possèdent en patrimoine l'équivalent de 14% du PIB de la planète, d'après le magazine Forbes; les Français près de 30% du PIB hexagonal".

Selon le dernier classement annuel Forbes France publié début avril, la France compte 52 milliardaires en 2025, soit un de moins que l'an dernier. Les plus grosses fortunes françaises sont des patrons ou héritiers de grands groupes qui possèdent un nombre important d'actions de ces entreprises dont l'activité est particulièrement porteuse au niveau mondial. Dans le haut du classement, l'industrie du luxe est notamment présente, entre le leader Bernard Arnault à la tête de l'empire LVMH, les frères Wertheimer propriétaires de Chanel SA ou encore le fondateur de Kering François Pinault. Mais on y trouve également l'héritière de L'Oréal Françoise Bettencourt Meyers en seconde position ou encore le patron du géant de l'agroalimentaire Lactalis Emmanuel Besnier.

Taxer les patrimoines au travers d'un impôt plancher exprimé en pourcentage "est efficace, car il s'attaque à toutes les formes d'optimisation, quelle qu'en soit la nature", poursuivent ces économistes. "Il est ciblé, car il touche principalement, parmi les contribuables les plus fortunés, ceux qui ont recours à l'optimisation fiscale."

Les auteurs saluent aussi les discussions internationales allant en ce sens et la proposition au G20 d'instaurer un impôt minimal mondial sur les milliardaires équivalent à 2% du patrimoine, rejetée l'an dernier. Malgré tout, "le mouvement international est lancé", affirment-ils, jugeant qu'"il n'y a pas de raison d'attendre la finalisation d'un accord international, il faut au contraire y oeuvrer en montrant l'exemple, comme la France a su le faire par le passé" avec l'instauration de la TVA en 1954.

Assurer un impôt sur la fortune de minimum 2%

Ce texte survient après le rejet au Sénat en juin d'une proposition de loi inspirée par l'économiste français Gabriel Zucman, prévoyant d'appliquer une "contribution différentielle" visant les patrimoines de plus de 100 millions d'euros, initialement adoptée à l'Assemblée nationale.

L'objectif était de s'assurer que ces contribuables ultra-riches payent bien au moins 2% de leur fortune en impôt, et empêcher ainsi les effets d'évitement observés dans la fiscalité de certains multimillionnaires, en mesure de structurer leur patrimoine pour en diminuer la fiscalité. Cette proposition de loi avait donné lieu à un débat animé entre les économistes favorables et ceux très opposés à la mesure.

P.L. avec AFP