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Métaux critiques: la France lance un observatoire pour sécuriser son approvisionnement

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L’observatoire français des ressources minérales pour les filières industrielles (Ofremi), a officiellement été lancé ce mardi 29 novembre à Paris avec pour mission de mutualiser les compétences et les données sur les chaînes d'approvisionnement en métaux critiques, et d'anticiper les besoins de demain.

Depuis le vote de l’interdiction des voitures thermiques d’ici 2035 par le Parlement européen en juin dernier, les projets de giga-usines à batteries se multiplient. Mais comment s'assurer de faire tourner ces usines à plein régime si l’approvisionnement en matières premières n’est pas sécurisé ? C’est tout l’enjeu de la création du nouvel observatoire français des ressources minérales pour les filières industrielles.

Une trop forte dépendance aux importations de métaux

"L'observatoire n'a pas vocation à faire des recherches géologiques ou à travailler sur des nouveaux projets miniers" mais à faire de "la veille stratégique et technico-économique", indique Christophe Poinssot, directeur général délégué du Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM), fer de lance du nouvel observatoire.

Cobalt, nickel, terres rares... La France, et plus largement l'Europe, ne produisent quasiment pas de métaux critiques et doivent presque tout importer alors que les besoins explosent et que les tensions sur les métaux critiques ne font que commencer.

Prenant l'exemple du lithium, nécessaire aux batteries de voitures électriques, Christophe Poinssot explique que l'observatoire cherchera à "savoir où sont les ressources, les capacités de raffinage, les projets que les grands acteurs miniers ont en tête" et "ce qui va émerger à l'échéance de 5 ou 10 ans".

"On a l'impression que l'on n'a plus besoin de métaux ni de mines, ni d'industrie lourde, ce qui est erroné. Ces activités sont menées à l'étranger et on en dépend étroitement", l'idée étant aussi d'en "relocaliser une partie" sur le territoire, selon Christophe Poinssot.

Mieux anticiper les risques de rupture d’approvisionnement

Le nouvel observatoire, cofinancé par les pouvoirs publics et le privé, associe le groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), la plateforme automobile (PFA) et l'Alliance des mines, minerais et métaux.

L'objectif, précise-t-il est "de fournir aux filières industrielles et aux pouvoirs publics plusieurs outils". Le premier est de cartographier l'offre mondiale, le deuxième, d'évaluer l'ampleur des besoins et le troisième, d'analyser les "risques de rupture d'approvisionnement d'origines politiques, climatiques, environnementaux", détaille Christophe Poinssot.

Parmi les partenaires figurent aussi le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), l'institut français du pétrole (IFPEN), l'Agence pour l'environnement et la maîtrise de l'énergie (Ademe) et l'IFRI (institut français des relations internationales), pour la dimension géopolitique.

L'observatoire vise aussi une dimension européenne. "Tout le monde se réveille sur le sujet", observe Christophe Poinssot qui précise que l'Ofremi est déjà "en train de construire une alliance avec son homologue allemand", le DERA.

P. B. avec AFP