Matignon: retour à la case départ pour Emmanuel Macron

Peu porté sur la morale en politique, le cardinal Mazarin, successeur de Richelieu, conseillait aux puissants en conclusion de son célèbre Bréviaire des politiciens (1684) de garder à l’esprit cinq préceptes: "simule, dissimule, ne te fie à personne, dis du bien de tout le monde, prévois avant d’agir". Cette recette lui avait permis d'accéder aux plus hautes fonctions puis de conserver le pouvoir pendant deux règnes (Louis XIII et Louis XIV), jusqu'à sa mort.
De ces principes, le chef de l’État ne semble avoir retenu que la première moitié. Depuis dix jours qu’Emmanuel Macron multiplient les entretiens à l’Élysée, c’est bien d’un simulacre de consultations dont on garde le goût en bouche. Une simulation démocratique qui ne viserait qu’un seul objectif: dissimuler le fait que le chef de l’État ne souhaite qu’une chose, préserver son œuvre et son pouvoir.
C’est en tout cas le message qu’aurait envoyé la nomination d’un Thierry Beaudet à Matignon. Le président du Conseil économique, social et environnemental est un homme certes de dialogue, mais sans aucune expérience politique ni troupes pour le défendre, qui se serait fait manger tout cru dans le grand marigot de la politique après avoir été ébouillanté dans le chaudron de l’Assemblée.
Mais voilà, après avoir tourné toute la journée, l’étoile Beaudet a brutalement pâli en fin d'après-midi. Dans la soirée, l’option semblait écartée.
L'inquiétant dérapage du déficit public
Est-ce un retour à la case départ? Probablement. La seule certitude sur le prochain Premier ministre, c’est qu’il arrivera à la tête d’un État en quasi faillite, comment en témoignent les documents budgétaires envoyés lundi soir aux parlementaires des commissions des finances par Bruno Le Maire et Thomas Cazenave. L'état des lieux budgétaire est extrêmement inquiétant. Le déficit dérape et pourrait dépasser les 6% l’année prochaine.
Pendant ce temps-là, l’horloge tourne et la France n’a toujours ni Premier ministre ni budget à la hauteur des enjeux. "Prévois avant d’agir", conseillait Mazarin. Emmanuel Macron aurait peut-être du relire son bréviaire avant de dissoudre l'Assemblée nationale.