Levé à 4 heures, lits sans matelas, gardes armés... Le constructeur chinois BYD poursuivi au Brésil pour esclavage moderne présumé

Des personnes se tiennent devant un atelier automobile du fabricant chinois de véhicules électriques BYD Co. Ltd. à Shanghai, dans l'est de la Chine, le 27 décembre 2024. Un sous-traitant du géant chinois des véhicules électriques BYD a nié le 26 décembre l'existence de "conditions proches de l'esclavage" dans une usine brésilienne, où les responsables locaux ont déclaré avoir trouvé des preuves de travail forcé. - AFP
Le géant chinois des voitures électriques BYD et deux de ses sous-traitants ont été visés par une plainte au Brésil pour "trafic international d'êtres humains", selon un document consulté jeudi par l'AFP.
La plainte a été déposée par le Ministère public du travail (MPT) de l'Etat de Bahia (nord-est), suite à des inspections ayant permis de "secourir" 220 ouvriers chinois travaillant dans des "conditions semblables à de l'esclavage" dans le chantier d'une usine de BYD en décembre.
Le chantier en question est situé à Camaçari, à environ 50 km de Salvador, capitale de Bahia. BYD y construit sa plus grande usine de voitures électriques en dehors de l'Asie.
Le MPT réclame 257 millions de réais (environ 40 millions d'euros) pour dommages moraux collectifs, ainsi que des indemnisations individuelles pour chaque ouvrier.
L'organisme explique dans un communiqué qu'une dénonciation anonyme a permis à ses agents de "retrouver des travailleurs entassés dans des logements dépourvus des conditions minimales de confort et d'hygiène".
Selon le MPT, les ouvriers se sont vus confisquer leurs passeports, étaient surveillés par des gardes armés et leurs contrats de travail contenaient des clauses illégales.
Ils étaient arrivés au Brésil de façon irrégulière, avec des visas de travail ne correspondant pas à l'activité réalisée au chantier, détaille le communiqué.
La réponse de Pékin
Les ouvriers dormaient dans des lits sans matelas et devaient se lever à 4 heures du matin pour débuter des journées de travail exténuantes, dénonce le MPT.
La plainte précise que les employeurs retenaient jusqu'à 70% de leurs salaires.
Elle a été déposée après un refus des entreprises concernées de "signer un accord d'ajustement de conduite" avec les autorités brésiliennes, précise le MPT.
Jeudi, une porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la Chine, Mao Ning, a déclaré en conférence de presse que son gouvernement "attache une grande importance à la protection et à la garantie des droits et des intérêts légitimes des travailleurs".
Selon elle, Pékin a toujours "exigé que les entreprises chinoisent opèrent conformément aux lois et règlements" des pays où elles sont implantées.
Les deux sous-traitants de BYD visés par la plainte sont Jinjiang et Tonghe (actuellement connue sous le nom de Tecmonta).
Après les premières dénonciations du MPT en décembre, BYD avait annoncé la résiliation de son contrat avec Jinjiang, une entreprise de bâtiment.
BYD n'a pas répondu immédiatement aux demandes de réaction de l'AFP jeudi au sujet de la plainte.
